L'orgueil au garage

Station McGill, direction Honoré-Beaugrand. Il est 13 h 15. C’est la fin du lunch. De nombreux passagers résignés retournent au bureau. Ce n’est pas l’envie de profiter encore un peu du soleil qui manque. Il faut dire qu’avec cinq mois de quasi-nuits éternelles nordiques, nous avons été confrontés au manque de lumière. Conséquemment, n’étant pas des vampires, nous sommes carencés.

Au contact d’un rayon de soleil, on a vite l’air d’un ex-fumeur en manque qui, en cachette, tire compulsivement sur une cigarette. Une dernière bouffée et on s’engouffre dans le métro, car malheureusement, l’appel du souterrain et du devoir s’impose.

Étant en retard parce que, justement, je me suis prise les pieds un peu trop longtemps dans l’éclairage extérieur, je descends l’escalier le moins élégamment du monde, mais le plus rapidement possible. Le métro arrive. Il s’immobilise. Les portes s’ouvrent. Plusieurs voyageurs prennent place.

De l’intérieur, ces derniers voient arriver au ralenti une femme qui s’élance avec la grâce d’une mouette obèse. Elle essaie de se glisser entre les portes qui se referment brusquement sur son sac pour se rouvrir aussitôt. La femme, qui a franchement mal calculé son affaire, tente de nouveau une entrée distinguée, mais cette fois, c’est sa tête qui reste coincée entre les couperets de caoutchouc; le corps sur le quai, la tête à l’intérieur de la voiture.

Les passagers sourient devant cette furie qui rebondit entre les portes coulissantes, comme dans un jeu de Pinball. Il y a même un jeune homme qui, à la vue de ce spectacle aussi humiliant que loufoque, se paye un furieux fou rire.

Finalement, ultime tentative, la femme réussit à s’imposer et l’emporte sur les portes.  Elle s’assoit en s’excusant. Son amour propre est en bouillie. J’en sais quelque chose. Car celle qui devra aller porter son orgueil au garage… c’est moi.

Mon
Métro

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