Le plus grand dénominateur commun

Le discours du Trône est devenu la pièce maîtresse du renouvellement du discours conservateur. L’été devait être le moment de se relancer. Mais certains éléments sont venus bousculer la séquence des événements. Le congrès des membres, qui devait refaire la cohésion de la base militante, a dû être remis à novembre à cause des inondations de Calgary. Le remaniement ministériel a été repoussé de quelques jours à cause de la tragédie de Mégantic.

Avec des moyens restreints, équilibre budgétaire oblige, Stephen Harper décide de réglementer les entreprises pour en donner plus aux citoyens. Impossible d’abaisser à nouveau les impôts; ce sont donc les grandes entreprises qui devront en offrir plus, pour laisser une plus grande marge de manœuvre aux citoyens.

Télécommunicateurs, câblodiffuseurs, transporteurs et banques devront ajuster leurs façons de faire, car le gouvernement a décidé de prendre le parti du consommateur. Il vise ainsi un plus grand dénominateur commun et prend de court les partis d’opposition, qui s’étaient portés en défenseurs de la classe moyenne, de ceux qui ne sont ni riches ni pauvres.

Se porter à la défense des consommateurs veut aussi dire protéger le plus grand nombre. Le consommateur vit aussi bien au Québec qu’en Alberta, à l’est qu’à l’ouest, au nord qu’au sud. La stratégie porte, puisque l’opposition est en furie, particulièrement le NPD qui a proposé de multiples mesures allant dans la même veine sans que le gouvernement y donne suite.

En ciblant le plus grand dénominateur commun, les conservateurs fissurent aussi les fondations de l’approche libérale. Justin Trudeau s’est posé en champion de la classe moyenne depuis son arrivée dans la course à la chefferie libérale. Il devra maintenant trouver une manière d’incarner ce discours par des engagements concrets, avec un bénéfice clairement identifiable pour l’électeur.

À la clôture de la session parlementaire, plus rien n’allait pour les conservateurs. Le gouvernement Harper peinait. Avec l’arrivée de Justin Trudeau, le scandale du Sénat et la démission du député de l’Ouest Brent Rathberger, ils avaient glissé sous la barre des 30 % dans les intentions de vote. C’était 10 points de moins que le résultat électoral de 2011. Et 2015 est encore loin. Le discours de cette semaine n’est pas une révolution, mais son contenu offre aux conservateurs la possibilité de montrer qu’ils sont à même d’offrir du concret aux électeurs canadiens. Une recette qui leur avait permis de faire leurs premiers gains en 2006.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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