Le ménage du printemps

Il faut se réjouir que l’Unité permanente anticorruption (UPAC) donne ses premiers résultats tangibles. Plusieurs s’étaient inquiétés en disant que seuls des «petits menés» seraient pris dans ses filets. Il faut aussi se préoccuper de l’effet que pourront avoir ces opérations sur notre vitalité démocratique. Il ne faut pas tomber dans le piège de mettre tout le monde dans le même panier.

La confiance de la population ne tient plus à grand-chose. Nous avons attendu longtemps, trop longtemps. La Commission Cliche sur l’industrie de la construction, qui a livré ses conclusions au milieu des années 1970, recommandait de faire un ménage tous les 25 ans.

Avant même les évènements du début de la semaine, l’indice citoyen des institutions politiques de la Chaire de recherche sur la démocratie et les institutions parlementaires de l’Université Laval et CROP suggérait que la satisfaction des Qué-bécois à l’égard de la démocratie au Québec avait chuté. Celle-ci est passée de 68 % en 2008 à 53 % en 2011. Encore plus inquiétant, la majorité des citoyens (68 %) ne fait plus confiance aux représentants du gouvernement pour faire ce qui est juste pour la société québécoise, un bond de 19 % par rapport à 2008!

La classe politique est affaiblie. Il en va de même pour les firmes d’ingénierie, les contacteurs en construction et les syndicats, des acteurs clés de la société. Pourtant, il faut éviter le raccourci qui renforcerait la perception que tout le monde est corrompu. Il faudra travailler fort pour rebâtir la confiance. Ce n’est pas en promettant la lune que nous y parviendrons. Tomber dans l’angélisme serait une erreur. Quiconque montrera le fond du champ et dira que tout est étanche ne réglera rien. Au contraire, car à trop promettre, on finit par décevoir.

La probité et la confiance ne peuvent jamais être tenues pour acquises. Elles exigent un travail constant. Il n’existe pas de système parfait, d’un côté comme de l’autre. Il n’y a pas de système parfait pour contourner les règles, on en a la preuve avec les accusations portées contre 14 personnes dans le dossier de Mascouche. Il n’y a pas non plus de système parfaitement étanche. Certains humains cherchent la faille et finissent par la trouver, et ce, dans toutes les sphères de la société.

Mascouche est la première cible, mais il risque d’y en avoir d’autres… Plusieurs autres? Les policiers interrogés sur l’affaire ont parlé d’un système qui ne semble pas se restreindre à la seule municipalité dirigée par Richard Marcotte.

La Commission Charbonneau aura le devoir d’aller au-delà des cas particuliers pour s’attaquer aux racines du problème. Pour retrouver confiance, les Québécois devront avoir l’assurance qu’un vrai ménage aura été accompli. Pour ça, il faudra attendre après le printemps.

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