Non au financement public des partis (enfin, presque…)

Des arrestations importantes ont enfin été effectuées par l’UPAC. Tony Accurso, le maire de Mascouche (présentement à l’étranger) et leurs compagnons d’infortune ont beau être présumés innocents jusqu’à preuve du contraire, il y a de quoi se réjouir du fait que le travail d’enquête policier semble finalement porter fruit, surtout après tout ce que l’on savait par la kyrielle d’enquête journalistiques produites ces dernières années par les Alain Gravel, Marie-Maude Denis, Fabrice de Pierrebourg, André Noël et compagnie.

Outre le célèbre entrepreneur et le maire Marcotte, la liste des personnes arrêtées comprend deux ingénieurs d’une même firme, un avocat, un haut fonctionnaire municipal, et un organisateur lié au Parti libéral: un casting parfait pour le trafic d’influence et le retour d’ascenseur. Conséquence: ce midi, à Maisonneuve en Direct, Bertrand Saint-Arnaud, du Parti québécois, et Gilbert Lavoie, chroniqueur politique au Soleil, en arrivaient à la conclusion que le financement public intégral des partis politiques en devenait incontournable afin de décourager les magouilleurs et préserver l’indépendance de nos élus. L’idée: plus on a de votes, plus on a de fric, et c’en est fini des contributions particulières.

Ce n’est pas une bonne idée. Ou à tout le moins, pas comme ça.

À première vue, ça tombe sous le sens: si les politiciens reçoivent leur argent de l’État, ils n’auront plus à jouer les « quêteux » auprès des gens influents. Autre effet bénéfique: ils auront plus de temps pour remplir faire leur travail de… politicien (dans le bon sens du terme), plutôt que de courir les cocktails de financement.

Sauf que…

Ça va devenir extrêmement difficile pour une formation politique marginale de se faire valoir, puisque l’argent serait accordé selon les résultats de l’élection précédente. Ça ne serait vraiment pas le pactole pour Québec solidaire et le Parti vert. Quel montant accorder à la CAQ, dont la part de l’ADQ pourrait être discutée par Réseau Liberté-Québec, si elle devait engendre un parti politique? Et à Option nationale? Zéro?

Veut-on vraiment empêcher des formations politiques non établies d’avoir l’appui financier de la population? Ce serait donner un avantage démesuré aux formations politiques établies. Le Parti québécois et le Parti libéral seront encore là dans cent ans (j’entends déjà les applaudissements…).

Il existe pourtant une solution toute simple qui marierait le meilleur des deux mondes. Le financement public est important, puisqu’il reflète – ou est censé refléter – la volonté populaire. Le problème est quand ses règles sont perverties, ce qui a été le cas depuis trente ans, avec la bénédiction de nos deux principaux partis provinciaux. Mais l’existence d’un financement par la population des organisations qui les représentent est une des bases de notre démocratie, même s’il y a eu de sérieux dérapages ces dernières années.

Donc, on garde le financement populaire. Mais on baisse le montant de la contribution maximale, ce qui rend le système de prête-noms moins intéressant et plus compliqué à gérer. Le ministre Jean-Marc Fournier a fait un premier pas en proposant une baisse de la contribution maximale à un parti à 1000 $ (j’irais plus loin).

Second volet de l’équation: l’État double la mise. Vous donnez 200 $, le gouvernement donne 200 $. Le principe du financement public est respecté. Mais, plutôt que de se baser sur des résultats d’il y a quatre ans, qui vont inévitablement avantager le parti au pouvoir et l’opposition officielle, l’argent va suivre la volonté populaire au moment où celle-ci se manifeste.

AJOUT: Évidemment, le crédit d’impôt est éliminé, puisque la contribution de l’État est augmentée.

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