Le sauveur?
Depuis son entrée en politique, Pierre Karl Péladeau occupe l’avant-scène. Son parcours peu banal fascine. Habitué de défrayer les chroniques mondaines et la une des journaux à potins, qu’il possède en grande partie, il bénéficie d’un taux de notoriété rarement vu chez un nouveau député. Membre du jet-set québécois par alliance, il brille au firmament des personnalités marquantes du Québec.
Pas surprenant que l’actionnaire de contrôle de Québecor trône au sommet des sondages de la course à la chefferie du PQ qui s’amorce. Les militants, comme la population, l’ont prouvé par le passé : ils peuvent ressentir un engouement momentané pour la nouveauté que représente la candidature de nouveaux venus en politique. Ce fut le cas avec Jean Charest, Lucien Bouchard et François Legault. Les choses se corsent habituellement avec le temps.
Il faut donc se méfier des sondages, qui reposent davantage sur des attentes que sur des propositions précises. Pour l’instant, le personnage séduit davantage que le contenu proposé. Si M. Péladeau a un positionnement bien défini dans la communauté des affaires et dans la communauté artistique, il doit encore à peaufiner les contours de l’homme politique qu’il veut être.
Le métier politique s’apprivoise difficilement. Le style de M. Péladeau reste encore à définir. Son entrée fracassante, poing en l’air, a certes plu à plusieurs électeurs souverainistes en quête d’une position forte. On voyait en lui un homme à la prise de parole sans ambigüité. Ses positions sur la présence du privé en santé ou encore sur la pertinence du Bloc québécois ont toutefois montré que l’homme peut reculer sous la pression.
Il doit aussi apprendre à composer avec les aléas de la vie publique. Les règles ne sont pas les mêmes que celles qui prévalent pour les gens d’affaires. Les paradoxes sont difficiles à porter. On ne peut vouloir d’un côté protéger sa vie privée et l’exposer sur les médias sociaux de l’autre. Mettre son visage sur un poteau commande qu’on accepte que nos positions et nos actions soient scrutées à la loupe par les journalistes. C’est la démocratie!
La défense de sa vie privée, telle qu’il la conçoit en ordonnant aux journalistes de ne pas l’appeler sur son cellulaire, illustre une certaine incompréhension de l’arène politique. Il est normal que les membres de la presse tentent de rejoindre un élu. C’est leur travail. Cela dit, au Québec, les journalistes sont traditionnellement plus respectueux de la vie privée qu’ailleurs sur le continent.
Faire le saut en politique commande un haut niveau d’adaptabilité. La transition n’est pas toujours simple. Si la gestion des perceptions en matière d’éthique et de transparence avec les médias est complexe, la gestion des attentes l’est tout autant.
M. Péladeau, que plusieurs considèrent comme un sauveur du Parti québécois, devrait rapidement s’en préoccuper.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de M