Perdant-perdant

Personne ne peut se targuer de sortir gagnant du conflit étudiant. Pas les verts, pas les rouges, pas les blancs, personne. L’imposition d’une loi spéciale est de fait un constat d’échec. Loin de régler la question, elle repousse l’échéance. Ce faisant, Jean Charest fait le pari que la mobilisation étudiante s’essoufflera. Il devrait y penser à deux fois, car si la manifestation du 22 mars a été la plus importante, celle de Victoriaville aura été la plus violente.

Les positions se sont radicalisées. Personne ne souhaite que ce climat, qui pèse depuis 14 semaines, se poursuive plus longtemps. Toutefois, une solution négociée vaut mieux qu’une solution imposée, et à ce titre, il restait encore des options. Une loi spéciale est une loi d’exception, de derniers recours.

Aujourd’hui, le gouvernement ne peut affirmer que tout a été fait. Jean Charest n’a pas nommé de médiateur, n’a pas considéré l’offre de la FECQ et, surtout, n’a jamais rencontré les étudiants. L’arrivée de Michelle Courchesne n’aura pas changé la dynamique d’affrontement. Bien au contraire.

Vingt-deux heures de négociations, ce n’était pas assez. On aurait pu en prendre 35 ou 55 pour trouver une solution durable. On aurait facilement pu faire une vraie rencontre de la dernière chance. En début de semaine, Jean Charest aura préféré envoyer sa nouvelle ministre de l’Éducation prendre des notes à une rencontre, qui, de toute évidence, n’aura servi à rien.

Pour l’instant, c’est perdant-perdant. Les étudiants, le gouvernement et la popu­la­­tion n’ont absolument rien gagné des 14 dernières semaines. Les étudiants qui ne voulaient que terminer leur session se retrouvent le bec à l’eau, tout comme ceux qui souhaitaient un gel des droits. Les seuls gagnants sont, peut-être, les universités qui n’auront plus à soumettre leur gestion à la loupe d’un comité…

En refusant de s’impliquer directement, le premier ministre abdique ses responsabilités. Pire, il pellette le problème par en avant. En vertu de quelle logique peut-il espérer que la situation soit meilleure en août? Sachant qu’ils n’ont pas à craindre de perdre leur session d’ici là, pour quelle raison les étudiants cesseraient-ils de manifester? D’ici le mois d’août, à quoi ressemblera la saison touristique à Montréal?

Si Jean Charest récolte des bénéfices politiques, ceux-ci risquent d’être de courte durée, car si la majorité de la population l’appuyait sur le fond du débat, elle ne l’approuve pas sur la gestion du conflit. Ce n’est certainement pas un tel geste qui va convertir les 72 % des gens qui demeurent insatisfaits de son gouvernement.

Paradoxalement, le leader qui a manifesté le plus de maturité dans ce conflit est le plus jeune. Encore quelques heures avant l’annonce du gouvernement, Léo Bureau-Blouin faisait des ouvertures concrètes au compromis. Le président de la FECQ espérait encore une négociation de la dernière chance. Il n’est pas trop tard pour agir de façon responsable.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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