Toujours remettre à demain

Tout va se placer, il n’y a pas lieu de s’énerver, disent certains. Pourtant, je ne peux faire autrement qu’être préoccupée. Je ne parle pas de la crise étudiante, mais plutôt des chiffres rendus publics par Statistique Canada cette semaine. Les résultats du dernier recensement m’interpellent.

Depuis des décennies, on parle du choc démographique et de ses effets sur les finances publiques et l’économie. Pourtant, depuis des décennies, on repousse à plus tard la discussion et surtout les décisions qu’il faudrait prendre pour y faire face. Or, le Québec vieillit et il vieillit rapidement. En résumé, cela veut dire moins de jeunes pour payer des impôts et une plus grande facture en soins de santé pour un nombre plus important d’aînés.

Si les casseroles se font entendre ces jours-ci, le fossé intergénérationnel pourrait bien les faire retentir encore plus intensément dans les prochaines années, car nous sommes loin d’être prêts à faire face aux conséquences. La dette des finances publiques et la dette écologique sont autant de passifs qui pèseront lourd dans les prochaines années.

Les enjeux sont majeurs. S’il y a plus de travailleurs qui prennent la direction de la retraite qu’il y en a qui entrent sur le marché du travail, cela affectera l’équilibre que l’on connaît aujourd’hui. La croissance économique, la productivité, les systèmes de pensions et de santé sont autant d’éléments qui seront influencés par les changements démographiques.

Il n’y a pas que la population du Québec ou du Canada qui vieillisse, c’est vrai. Le phénomène est observable dans tous les pays du G8. Le Japon le vit déjà de manière intense. Toutefois, il faut se dire que Québec sera largement touché, et le défi mérite qu’on s’y attarde… maintenant.

Si les retraités sont plus riches que par le passé, c’est tant mieux. Il n’en demeure pas moins que l’on vivra plus longtemps et en santé. Ce qui demandera plus. C’est mathématique.

Le statu quo n’est pas une option. Les données du recensement doivent nous interpeller et nous pousser vers l’action dans une perspective de solidarité intergénérationnelle, mais aussi d’équité. Vivre l’instant présent doit être conjugué avec une vision à plus long terme.

Le Québec ne peut se permettre de nouveau que l’on remette encore une fois le débat à demain en espérant que tout se règle par magie. Malheureusement, plus nous tardons comme société à aborder à visière levée ce choc démographi-que, plus celui-ci risque d’être douloureux.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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