Aucune excuse
Le Canada est de retour! Comme une équipe sportive qui se félicite de sa remontée au classement, le gouvernement libéral a déclaré que, dorénavant, il sera bon joueur sur la scène internationale. Mais il est de retour à quoi au juste?
Dans la diplomatie, les discours et les gestes symboliques ont presque autant d’importance que les actions, et il s’avère que la maîtrise des apparences est un art que manient bien les libéraux de Justin Trudeau. Ils ont démontré leur volonté, et même leur enthousiasme, à participer activement aux institutions de la communauté internationale, à se plier à leurs règles et à «faire des efforts» : accueillir des réfugiés, financer les agences des Nations unies, assumer un certain leadership lors des pourparlers des accords sur les changements climatiques. Après 10 ans d’un gouvernement qui affichait un mépris certain pour les institutions de l’ONU, cette posture canadienne a tout pour plaire. Mais il ne suffit pas d’être un bon joueur en parole. Et le Canada Nouveau a déçu ceux qui espéraient trouver le véritable champion des droits humains qu’il prétend être.
Le gouvernement a annoncé qu’il allait honorer un contrat de vente d’armes à l’Arabie saoudite. Or, ce contrat entre en contradiction avec l’intention libérale de respecter les droits humains, et le droit tout court. Toutes les ventes à l’étranger de matériel militaire produit au Canada sont soumises à la Loi sur les licences d’exportation et d’importation, qui proscrit toute exportation d’armes vers des pays où de graves violations des droits humains ont été documentées. La répression menée par le régime saoudien contre son propre peuple est très bien documentée. Pourquoi s’entêter à honorer cette entente? Afin de préserver les emplois créés par le contrat? Afin de se positionner comme vendeur d’armes fiable auprès de ses clients et des clients potentiels?
Mais c’est dans le dossier palestinien que les libéraux ont manqué une occasion importante de montrer leur engagement envers les droits humains et, encore une fois, le droit tout court. Fin novembre l’an dernier, la Commission des droits de l’Homme des Nations unies a adopté six résolutions concernant la Palestine. Parmi celles-ci, il y avait une résolution demandant à Israël de mettre fin à son occupation des territoires palestiniens, occupation jugée illégale par la communauté internationale. Cent soixante-dix pays ont voté en faveur de la résolution. Six pays ont voté contre la mesure : Israël, les États-Unis, trois îles du Pacifique et le Canada. La résolution réaffirmait le droit des Palestiniens à un État et exhortait tous les pays et les organisations internationales à «continuer à soutenir et aider le peuple palestinien dans la réalisation rapide de son droit à l’autodétermination». Le refus du Canada d’appuyer cette résolution non contraignante à forte valeur symbolique est non seulement indéfendable, mais elle est aussi inexplicable.
On comprend que, dans certains dossiers, la marge de manœuvre d’un nouveau gouvernement ne soit pas énorme et que du temps soit nécessaire pour changer de cap. Mais dans ces deux cas, le gouvernement aurait pu poser des gestes concrets en concordance avec ses proclamations. Il a plutôt échoué lamentablement.