Après le Brexit, l’ex-Royaume-Uni?

CARDIFF, WALES - JUNE 16: Leanne Wood, leader of Plaid Cymru, poses for a picture during a rally on Queen Street as she and former First Minister of Scotland, Alex Salmond MP, make a case for Wales and Scotland's place within the EU on June 16, 2016 in Cardiff, Wales. Britain goes to the polls for a referendum on its EU membership on June 23. (Photo by Matthew Horwood/Getty Images ) Photo: Getty

Catherine Zeta-Jones est la Galloise la plus célèbre dans le monde. Mais, au pays de Galles, Leanne Wood est un nom bien connu surtout avec la vague de fond du Brexit qui n’en finit pas de secouer le Royaume-Uni et l’ensemble de l’Union européenne (UE).

À la tête de Plaid Cymru, le parti indépendantiste gallois fondé en 1925, Wood est convaincue de ceci : le Royaume-Uni va bientôt cesser d’exister! Vœu pieux d’une leader qui cherche à détacher un territoire de trois millions d’âmes vivant sur 20 000 kilomètres carrés et sans pétrole contrairement à l’Écosse?

Pro-européenne et indépendantiste, elle ne tient pas à voir un «petit pays de Galles» seul avec l’Angleterre si l’Écosse et l’Ulster prennent le large afin de rester dans l’UE. Ironie de l’histoire, le Brexit permettra peut-être à l’Irlande d’être réunifiée!

Le référendum du 23 juin «a tout changé», explique Leanne Wood, 44 ans, dans un échange de courriels. «Le pays de Galles ne peut se permettre d’être une partie oubliée d’une union avec l’Angleterre.»

Si l’Écosse, 32 % de la superficie du Royaume-Uni, devait partir, il y a en effet fort à parier que le pays de Galles sera encore plus dominé par l’Angleterre.

Conquis par les Anglais en 1294, longtemps le «poumon noir» du Royaume-Uni à cause de ses mines de charbon, le pays de Galles (Cymru en gallois) ne tient pas du tout à faire sécession.

Le Dragon rouge, le drapeau du pays de Galles, aux Nations unies, ce n’est pas pour demain. À peine 10 % des Gallois, qui ne sont plus qu’un demi-million à parler leur langue, sont en faveur de l’indépendance, et contrairement à leurs cousins celtes d’Écosse et de l’Irlande du Nord, ils ont voté à 52,5 %  en faveur de la sortie de l’UE.

Mais, même s’ils n’ont pas un grand appétit pour l’indépendance, ils plébiscitent plus de pouvoir de Londres, surtout en matière fiscale. Les Gallois, comme les Écossais, estiment être une société distincte. Ils ont leur propre hymne national, Hen Wlad fy Nhadau (Vieux pays de mes ancêtres) chanté avec ferveur à l’issue de leur victoire 3-1 vendredi contre la Belgique à l’Euro 2016.

La décentralisation du Royaume-Uni doit être à l’ordre du jour et l’identité galloise renforcée, soutient Leanne Wood. En attendant le «grand jour», une «souveraineté partagée» inspirée du modèle canadien lui conviendrait.

Son parti social démocrate (12 sièges sur 60 à l’Assemblée nationale galloise) se réunira dans les prochains jours pour faire le point sur le tsunami politique provoqué par le Brexit.

Dans tous les cas, le Royaume-Uni fait plus que jamais face à un problème d’identité. Si les pouvoirs de Londres devaient se réduire comme peau de chagrin, l’Angleterre autrefois à la tête d’un empire s’étendant sur le tiers des terres émergées de la planète deviendrait une «Little England», comme le rappelait avec ironie The Economist en 2013. Faudra-t-il un jour parler de l’ex-Royaume-Uni?

Chose certaine, le pays de Sa Majesté, avec ses identités composites, a toujours été vulnérable à l’éclatement. Il l’est plus que jamais avec le Brexit.

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