Respirons par le nez

Il a venté cette semaine à la Commission Charbonneau. De retour après une longue absence, le téléroman-vérité des Québécois s’est amorcé dans la tourmente. On savait depuis déjà un moment que Martin Dumont, le témoin-choc, passerait un mauvais quart d’heure. Ce dont on se doutait moins, c’est que ce serait aussi le cas pour les membres de la commission.

La précipitation n’est pas bonne conseillère. Les observateurs, comme les membres de la commission, doivent se le rappeler. Ce qui s’est passé cette semaine illustre très bien l’empressement de tous à agir, à réagir, à commenter. Le jugement tombe rapidement et, parfois, on se rend compte qu’il faut respirer par le nez.

Contrairement aux téléromans, auxquels on compare les travaux de la commission, les personnages ne sont pas unidimensionnels. L’épisode Martin Dumont nous montre que rien n’est tout noir ni tout blanc.

Ce témoin clé, à qui certains attribuent la démission du maire Tremblay, a vu sa réputation mise à mal.

Toutefois, au moment où on négociait son retour comme témoin, l’ingénieur Michel Lalonde validait certaines parties de son témoignage. Si Martin Dumont a le sens de l’exagération, il n’a peut-être pas tout faux.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que la gestion des événements n’a pas été parfaite du côté de la commission. Loin de garder son plan de match, elle a largué son témoin. Quand on est toujours sous la loupe, la pression médiatique nous fait parfois faire de drôles de choses.

Mettre en lumière un système de corruption et de collusion, en identifier les acteurs et voir les liens qui peuvent les unir à des organismes publics demande du temps. Rappelons-le, on attend de la commission qu’elle examine des pistes de solution. Qu’elle fasse des recommandations en vue d’établir des mesures permettant d’identifier, d’enrayer et de prévenir la collusion et la corruption dans l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction, ainsi que l’infiltration de celle-ci par le crime organisé.

Il faut donc laisser le temps au temps. Les Québécois ont réclamé une commission sur l’attribution des contrats dans le secteur de la construction et du financement des partis politiques pendant plus de deux ans, ils ne peuvent pas s’attendre à avoir toutes les réponses après quelques mois de travaux seulement.

Pour le reste, c’est dans la tempête qu’on reconnaît les bons navigateurs. Les commissaires n’ont pas à se laisser dicter leur agenda par qui que ce soit, car ce n’est pas du cinéma.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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