Politique 2.0
Même la meilleure technologie ne permet pas de réparer un processus brisé. Au contraire, comme on a pu le constater cette semaine, elle grossit les comportements. L’affaire Robocall et celle de VikiLeaks en sont des exemples frappants. Elles ont permis de montrer que, plus ça change, plus c’est pareil.
Ce n’est pas d’hier que l’on tente de contourner les règles électorales. Il fut une époque où les morts votaient, aujourd’hui ce serait des machines qui téléphonent aux électeurs pour les leurrer. Ce n’est pas d’hier non plus que l’on calomnie ses opposants pour tenter de marquer des points, mais avec Twitter et Facebook, l’ampleur et la rapidité de cette pratique sont phénoménales.
Il y a aussi des choses qui ne changent pas, comme le comportement des élus dans la tourmente. Certains en font une occasion pour s’élever, et d’autres se cachent.
Bob Rae fait partie du premier groupe. Petite bouffée d’air frais dans cette tourmente, le chef du Parti libéral du Canada s’est levé en Chambre pour assumer la responsabilité de l’affaire Vikileaks. Un employé du service de recherche libéral était à l’origine de la manigance. Il aurait été simple de ne rien faire, tous les doigts étaient pointés vers le NPD. Ce dernier était injustement accusé d’être à l’origine de la fuite dévoilant des aspects privés du divorce du ministre Vic Toews.
Il en va tout autrement dans l’affaire Robocall. Le comportement du premier ministre Harper aurait dû être tout autre. Au lieu de nier, il aurait dû prendre la balle au bond et s’élever comme le premier ministre de tous les Canadiens, gardien du système démocratique. Il aurait dû mettre en place des correctifs.
Dans l’affaire Robocall, il est maintenant clair qu’il y avait une intention. Le fait d’acheter un téléphone prépayé, enregistré sous un faux nom, le prouve. On ne sait pas s’il s’agit d’une manigance décidée en haut lieu ou d’une initiative sur le terrain. C’est d’ailleurs ce qui peut faire la différence pour la suite des choses.
Aucun parti n’est à l’abri des initiatives personnelles. La technologie permet justement aux gens d’avoir un porte-voix. La technologie permet à l’être humain de faire mieux ou de faire pire. Les événements entourant le scandale Robocall et celui de VikiLeaks illustrent à quel point le pire est parfois plus tentant que le bien.
Utilisé à meilleur escient, le développement technologique présente le potentiel d’augmenter l’intérêt pour la politique. Au contraire, c’est un dégoût total qu’éprouvent bien des électeurs après cette semaine de révélations.
– Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.