Le sommet des compromis

Les 350 invités, partenaires de l’enseignement supérieur et représentants de la société civile invités au Sommet sur l’enseignement supérieur devront apporter leur bouteille d’eau. Car, comme le veut l’expression consacrée, tous devront mettre de l’eau dans leur vin si on veut que quelque chose de positif sorte de cet exercice.

Ce ne sera pas une mince tâche. Car même si le climat s’est beaucoup apaisé depuis le printemps dernier, les attentes sont élevées. Dans l’opposition, l’équipe du Parti québécois avait porté le carré rouge. Cela a envoyé un message dissonant.

Déjà, le gel réclamé par les associations étudiantes a peu de chance d’être instauré. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de quoi leur faire plaisir dans les propositions gouvernementales. On peut même voir des éléments qui leur permettront de revendiquer une certaine victoire. En plus d’abolir la hausse de 1 625 $, Pauline Marois a maintenu les 39 M$ dans le régime de bourses consenti par le gouvernement Charest. Ainsi, l’accessibilité est déjà meilleure qu’elle ne l’était à pareille date l’an dernier. Mais cela pourrait changer, car tout est sur la table.

Il faut aussi dire que les étudiants n’ont pas la même traction qu’au printemps dernier. L’ASSE l’a appris à ses dépens. Après un rattrapage intensif, les étudiants n’ont pas, pour l’instant, la même envie de prendre la rue. Cela ne veut pas nécessairement dire qu’ils ont abdiqué. Bien au contraire, certains d’entre eux ont probablement calculé les gains, ce dont leurs porte-parole devront tenir compte.

Les universités devront aussi se montrer conciliantes. Sans dire que ce soit généralisé, les égarements administratifs de certaines institutions ont donné des munitions aux étudiants. Dans l’allocution prononcée devant la communauté d’affaires la semaine dernière, la première ministre a promis aux universités de réinvestir 800 M$ sur cinq ans à compter de 2014-2015. On peut croire qu’il y aura une contrepartie, probablement du côté de la gouvernance.

Pauline Marois sait que le sommet est un gros test pour son gouvernement. Loin de s’inspirer de Jean Charest, elle met la main à la pâte pour s’assurer de le maintenir sur les rails. Elle a déjà rencontré tous les groupes étudiants et les recteurs. Elle n’a pas non plus hésité à rectifier le tir de son ministre à plusieurs reprises. Alors qu’il exprimait une certaine hésitation à mettre le droit grève sur la longue liste des sujets de discussion, elle n’a pas tardé à l’ajouter à l’ordre du jour.

Il y a fort à parier que ce sommet promis durant la campagne électorale ne donnera pas tous les résultats attendus. Mais, chose certaine, un mot sera à l’ordre du jour : compromis.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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