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Je suis Métisse

Marjorie Saint-Onge, ex participante à Occupation Double
Photo: Gracieuseté Marjorie Saint-Onge

LETTRE OUVERTE – Je m’appelle Marjorie Saint-Onge et je suis Métisse, fière Métisse. Certains d’entre vous se souviennent de moi pour ma participation à Occupation double Chez nous. Je suis née en Afrique d’un père québécois et d’une mère ivoirienne. J’ai immigré au Québec lorsque j’étais très jeune, à l’âge de 3 ans, et j’ai grandi sur la Rive-Nord au sein d’une société majoritairement caucasienne. Quand nous sommes arrivés ici, mon frère, ma sœur et moi étions les seuls enfants de couleur dans toute l’école. 

Aujourd’hui, dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs, j’aimerais partager mon expérience en tant que Métisse. Le statut de Métisse est encore flou dans ma tête. Il me pousse à une recherche constante dans mon cœur. Car en grandissant dans une ville blanche, en ayant un nom à consonance francophone, j’ai toujours eu le souvenir de n’être jamais assez blanche pour faire partie d’un groupe et, à la fois, de n’être jamais assez noire pour faire partie de l’autre groupe. Je me suis fait traiter de tous les noms par un et ai subi autant d’agressions verbales de l’autre. 

Être Métis est une bataille sans fin dans mon existence. Même si maintenant je suis prête à en parler publiquement, je suis toujours à la recherche de mon identité. Je vis à tous les jours le syndrome de celui qui est parfois oublié, rejeté, jamais accepté vraiment comme il est, constamment critiqué. Cela dit, je dois admettre que je suis consciente d’une chose : en tant que Métisse, j’ai parfois des privilèges qu’une personne noire n’aura pas.  

En ce mois de février si important pour la communauté black, je veux simplement tendre la main et parler à voix haute d’une situation qui rejoint plus d’une personne. En tant qu’Africaine, immigrante et Québécoise à la fois, j’aimerais passer le mot pour donner confiance à tous ceux et celles qui se retrouvent dans la même situation que moi. J’ai emprunté mon propre chemin, j’ai fait mon cheminement personnel et vécu mes expériences. J’en suis arrivée à la conclusion que nous, les Métisses, ne sommes pas seuls. Ce syndrome de l’imposteur que nous ressentons parfois n’est qu’un sentiment. À la fin de la journée, nous faisons aussi partie de l’histoire des peuples noirs autant que ceux et celles qui ont la peau plus foncée que nous. Du racisme, nous en subissons aussi. Ce mois doit nous inclure également. Lors de ce Mois de l’histoire des Noirs, j’aimerais qu’on se rassemble et que nous ne fassions qu’un.

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