Faire l’amour en dormant?
Avoir une activité sexuelle tout en dormant : non, ce n’est pas une histoire à dormir debout! Reconnue depuis une quinzaine d’années, la sexsomnie est un trouble du sommeil assez particulier. Cette affection se caractérise par une soudaine montée du désir nocturne qui, provoquant une excitation (érection ou lubrification vaginale) chez les personnes qui en sont atteintes, entraîne des comportements à caractère sexuel tout à fait involontaires et inconscients.
Bien que ces comportements varient d’une personne à l’autre, ils incluent généralement des gémissements, des caresses et des techniques masturbatoires. Les contacts sexuels avec autrui ne sont pas rares. En effet, les sexsomniaques peuvent pratiquer des stimulations bucco-génitales et même avoir des relations sexuelles complètes (avec pénétration) pendant leur sommeil. Comme elles sont concrètes, ces activités sexuelles n’ont rien à voir avec les rêves érotiques.
La sexsomnie n’est donc pas une perversion, mais une maladie qui s’apparenterait à une forme de somnambulisme. Tout comme une personne somnambule qui déambule dans la maison, le sexsomniaque a des activités sexuelles de façon machinale et instinctive. Au réveil, il ne garde aucun souvenir de ses actes, sinon quelques images très floues.
Les épisodes sexsomniaques se produisent généralement durant le sommeil paradoxal, soit le dernier stade du cycle du sommeil, qui correspond à environ 20 % de sa durée totale. Cependant, aucune étude ne s’est penchée sur la fréquence à laquelle ce trouble se produit. Une étude canadienne réalisée en 2010 a établi que 8 % des patients venus consulter une clinique du sommeil souffraient de sexsomnie. Selon Sharon Chung, chercheuse au laboratoire de recherche sur le sommeil de l’University Health Network à Toronto, les hommes sont beaucoup plus susceptibles d’en être atteints que les femmes.
À l’heure actuelle, les causes pouvant expliquer la sexsomnie restent incertaines. On ignore toujours s’il existe une prédisposition génétique. En revanche, les recherches démontrent que le phénomène est souvent lié à une apnée du sommeil, un trouble qui se caractérise par une perturbation de la respiration entraînant de fréquents réveils qui ne sont pas toujours conscients. La consommation de drogues ou d’alcool, la fatigue ainsi que des traumatismes ou des périodes de stress important seraient d’autres facteurs pouvant contribuer au déclenchement d’un épisode sexsomniaque.
Loin d’être anodine, la sexsomnie peut engendrer de sérieuses conséquences physiques et morales, tant pour la personne qui en est atteinte que pour son entourage. Dans certains cas isolés, elle peut même entraîner des complications d’ordre juridique. Toutefois, au Canada, les sexomniaques ne sont pas tenus responsables des actes commis durant un épisode de sexomnie.