L’énergie négative

Tous les jours, des groupes se lèvent pour faire connaître leur insatisfaction face à des rumeurs ou des décisions prises par le gouvernement Couillard. On dira qu’on ne fait pas d’omelettes sans casser d’œufs. Le Québec a besoin de s’interroger sur ses structures et ses façons de faire. Le problème est que tout semble être improvisé. Les lapins qui sortent des chapeaux vont dans toutes directions.

Ce qui a fait dire à l’ex-ministre Nathalie Normandeau que le gouvernement manque de vision. Elle fait particulièrement référence à la remise en question des Conférences régionales des élus (CRÉ), des Centres locaux de développement (CLD) et des Carrefours Jeunesse-Emploi (CJE). Des structures qui, aux dires du ministre Moreau, sont loin d’avoir fait leurs preuves. Ces organismes ne datent pas d’hier. Ils ont pris différentes formes à travers les changements de gouvernement. Il est sans doute opportun de revenir sur leurs missions et leurs façons de faire dans une perspective d’amélioration continue. Mais faut-il vraiment jeter le bébé avec l’eau du bain?

Les Centres locaux de développement sont des générateurs d’activité économique. Je peux le dire pour l’avoir vu et y avoir participé à une autre époque. Ces organismes contribuent à attirer de nouveaux investissements, mais aussi à canaliser l’énergie créatrice des futurs entrepreneurs en les accompagnant dans le développement de leurs approches d’affaires.

Dans le cadre de la dernière campagne électorale, Philippe Couillard reconnaissait l’apport des PME. «Les PME représentent 50 % des emplois. Elles créent 80 % des nouveaux emplois. Celles qui en sont à leur première année d’existence créent de 20 à 25 % des nouveaux emplois. Elles sont vitales à la relance de notre économie.» C’est justement ce genre d’entreprises qu’accompagnent les CLD et les Carrefours Jeunesse-Emploi.

Le Québec a une grande tradition de Sommets et de tables de concertation et de réflexion. On ne veut pas nécessairement retomber dans le pattern. Toutefois, il y a l’art et la manière de proposer des changements. Pour l’instant, la direction que prend le gouvernement n’est pas convaincante. Au contraire, elle canalise les énergies négatives. Les gens des régions défendent les structures, car ils veulent préserver l’expertise et le soutien que celles-ci leur offrent. Il faut se donner la place pour garder ce qui fonctionne et revoir le reste.

Je comprends que le nouveau gouvernement en est encore à sa première année de mandat et que parfois cela se manifeste par des maladresses. Dans ce dossier, cela va plus loin. Il y a un réel manque de vision et de sens de direction. Plutôt que de proposer des changements pour le mieux en expliquant les choix et la destination, on mine les efforts de développement et de création d’emplois. Ce qui devait pourtant être la priorité de ce gouvernement…

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.