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Le traitement contre le VIH «stagne» en raison de la COVID-19

VIH
Photo: Archives Métro

Pas moins de 73 pays dans le monde s’inquiètent de subir une «rupture de stocks» de médicaments antirétroviraux (ARV) anti-VIH en raison de la COVID-19. Quelque 24 autres États ont déclaré avoir des équipements «extrêmement bas», voire des «perturbations dans l’approvisionnement», selon une enquête de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) parue lundi, alors que s’ouvre la conférence mondiale sur le sida.

«Les résultats de cette enquête sont profondément préoccupants», a insisté le directeur général de l’organisme, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Celui-ci ajoute que les gouvernements «doivent faire tout leur possible pour garantir que les personnes qui ont besoin d’un traitement anti-VIH continuent d’y accéder».

«Nous ne pouvons pas laisser cette pandémie annuler les gains durement gagnés dans la réponse mondiale à cette maladie.» -Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS

Il y a deux mois, l’OMS prévoyait qu’une interruption de la distribution des médicaments ARV pendant six mois causerait deux fois plus de décès liés au sida en 2020, particulièrement en Afrique subsaharienne. Selon les données de l’institution, 8,3 millions de personnes bénéficiaient l’an dernier d’ARV dans les 24 pays connaissant actuellement des pénuries d’approvisionnement.

Il faut resserrer les mesures, dit un expert

Pour le spécialiste en virologie de l’UQAM, Benoit Barbeau, la situation appelle à des investissements d’urgence. «Il va falloir que l’argent, qui était en grande partie réservé à la COVID-19 jusqu’ici, puisse en partie aller au traitement du VIH. Les ARV doivent être pris à vie par les patients malades. Si on réduit ou on minimise les traitements, le danger de développer des souches résistantes s’agrandit. C’est impératif d’assurer un approvisionnement continu», explique-t-il à Métro.

«Ce cri d’alarme est bien réel. Le réalignement budgétaire dû au coronavirus était une réponse adéquate dans le contexte, mais il a touché beaucoup de soins essentiels, dont les patients atteints du cancer. On doit s’assurer de ne pas les négliger.» -Benoit Barbeau, de l’UQAM

M. Barbeau s’inquiète lui aussi que les efforts faits dans les dernières années pour «contrôler» la propagation du sida soient gâchés. «On ne doit surtout pas mettre en péril la vie des personnes infectées qui, maintenant, parviennent à être bien traitées. Le besoin est là, et on doit resserrer les mesures», plaide-t-il.

Fait important: une éventuelle pénurie d’ARV frapperait très durement sur le continent africain et dans les pays en voie de développement, selon l’expert. «Toutes les pressions qui sont faites en ce moment pour que l’Afrique ait un meilleur accès aux traitements seraient minées par une pénurie. La situation là-bas demeure encore un problème, et il faut bien servir les pays les plus touchés», renchérit-il.

«Tant mieux si l’OMS le crie haut et fort, et tant mieux si nous sommes conscientisés. Il faut éviter que l’Afrique demeure encore le continent où il y a le plus grand nombre d’infections et de décès associés au VIH», ajoute M. Barbeau.


Un congrès de cinq jours

De lundi à vendredi, la Société internationale du sida tiendra en ligne la 23e édition de son congrès mondial. Des centaines de conférenciers y sont attendus.

«Avec plus de 600 sessions et événements virtuels, le congrès permettra d’accéder aux dernières avancées en matière de science, de plaidoyers et de connaissances sur le VIH […] et de s’y engager, tout en offrant une gamme de nouvelles fonctionnalités rendues possibles par le nouveau format virtuel», indique le comité exécutif sur son site web.

En mars, un patient atteint du VIH ayant bénéficié d’une greffe de cellules souches a été officiellement déclaré «guéri». C’est le deuxième cas au monde à se remettre de cette maladie.

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