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Centre communautaire LGBTQ+: une bibliothèque où il fait bon vivre

Photo: Josie Desmarais/Métro

Le Centre communautaire LGBTQ+ de Montréal, reconnu comme un organisme de bienfaisance depuis 1990, contient en son sein une étonnante bibliothèque garnie d’ouvrages variés portant sur les enjeux touchant les communautés gaie, lesbienne, bissexuelle, queer, trans, etc. Visite guidée.

Situé non loin du Village gai, ce centre communautaire regroupe en un seul et même lieu plusieurs organismes, dont la bibliothèque, ou encore, l’organisme REZO, proposant des dépistages gratuits.

La bibliothèque du centre, créée en 1991, paraît au premier abord un peu étriquée. C’est qu’elle renferme plus de 20 000 documents, du roman traditionnel aux films, en passant par de la littérature jeunesse, des magazines, ou encore de la littérature didactique et des essais. Chaque année, la bibliothèque reçoit entre 500 et 750 œuvres en don, et en achète de 50 à 100.

Parmi ces milliers d’ouvrages existent plusieurs romans de poche des années 1940 et 1970. «On les surnomme les romans Pulp Fiction, car ils ont été publiés en douce sous le couvert de romans de poche bas de gamme, lance le directeur du centre communautaire, Christian Tanguay. Nous en avons plusieurs exemplaires, mais souvent en mauvais état.» Un des ouvrages les plus populaires à la bibliothèque est Moi, Simon, 16 ans, homo sapiens (2015), de Becky Albertalli. C’est l’histoire d’un adolescent amoureux d’un garçon de son école, mais ne voulant pas révéler son homosexualité.

Des livres en français, en anglais, quelques livres en espagnol ou en portugais… la bibliothèque tente de maintenir un équilibre pas toujours évident. Selon Meryem Benslimane, adjointe au directeur de la bibliothèque, les réfugiés constituent 70% des membres du centre, ce qui oblige le personnel à s’adapter et surtout, à renforcer son action autour de la bibliothèque. «C’est sûr qu’on veut offrir le service classique d’une bibliothèque, mais on veut aussi fournir un endroit sécuritaire où chacun peut se sentir à l’aise et libre de s’exprimer, explique Mme Benslimane. Avoir cet espace-là, avec l’internet, des livres, de la documentation et une aide morale de notre part, c’est vraiment un plus pour nous.»

Un espace de vie
Ce service proposé par la bibliothèque a d’ailleurs un prix décerné par l’American Library Association (ALA), remis en juin dernier, et qui récompense les services rendus aux communautés LGBTQ+.  «Ça récompense tout le travail qui est fait, et ça montre que les bibliothèques sont plus que de simples espaces de lecture. Ce sont des espaces de vie, de partage et de sécurité, affirme Mme Benslimane. On espère que ça va apporter plus de visibilité, car le milieu communautaire à Montréal, et encore plus LGBTQ+, souffre de sous-financement. À Montréal, on est peu aidé  comparativement à d’autres grandes villes. Toronto a 37 fois notre budget. Ils ne paient pas de loyer, par exemple, et les employés sont payés par la Ville»,
rapporte-elle.

Ce manque de ressources financières ne les empêche pas d’accueillir ceux qui ont besoin d’aide. La bibliothèque propose un excellent éventail d’ouvrages, et la collection jeunesse est très populaire. Que le lecteur soit au primaire, qu’il soit ado et se questionne sur sa sexualité, ou même adulte, les thématiques ne varient pas forcément d’un public à un autre. Elles sont seulement abordées d’une façon différente. «On propose des contes LGBTQ+ aux enfants, dit l’adjointe. L’année dernière, nous avions fait une activité où ce genre de conte était lu par une drag queen. Il y avait une centaine d’enfants et ça s’était vraiment bien passé. Au final, ce sont des valeurs d’amour, de tolérance. L’âge n’est pas important.»

Les chercheurs et les étudiants fréquentent aussi la bibliothèque, car celle-ci propose des ouvrages peu présents ailleurs. «Dans les autres bibliothèques, ce genre d’ouvrage, quand on peut le troiver, est mal catalogué et donc impossible à repérer. Souvent aussi, les personnes ont honte d’aller chercher des livres de ce type. C’est pour cela qu’il est important de garder des bibliothèques comme la nôtre. Ce sont des espaces à part. C’est là où on préserve le patrimoine, toutes les luttes passées, là où la transmission aux générations futures s’effectue», dit Mme Benslimane.

Guider les bibliothèques
Dans le but d’améliorer le service des bibliothèques autour de la thématique LGBTQ+, Meryem Benslimane a élaboré un guide à l’intention des bibliothécaires des cégeps, «car c’est l’âge sensible où les gens se posent beaucoup de questions. Parfois, il n’y a pas de groupe étudiant LGBTQ+ et le personnel n’est pas formé», dit-elle.

Selon Mme Benslimane, il faut trouver le juste milieu entre une plus grande visibilité de ces thématiques au sein d’une bibliothèque et le fait de ne pas oser s’aventurer dans ce genre de rayon de peur d’y être vu. «On pourrait profiter d’événements comme la semaine de la Fierté pour faire des rayons de «promotions» où les ouvrages seraient bien catalogués et accessibles», ajoute-t-elle.

Les petits conseils de lecture de Christian Tanguay:

  • Pour les petits: Et avec Tango, nous voilà trois!, de Justin Richardson et Peter Parnall (2013). L’histoire vraie de deux manchots mâles ayant fait naître un bébé manchot en le couvant.
  • Pour les plus grands: Modèles recherchés: l’homosexualité et la bisexualité racontées autrement, de Robert Pilon (2015). Un recueil de témoignages de Québécois LGBTQ+ ou de leurs proches, connus ou non, qui offre aux lecteurs des modèles auxquels s’identifier.
  • Pour les parents: Familles LGBT: le guide, de Mona Greenbaum (2015). Ce livre propose des réponses à de nombreuses questions sur l’homoparentalité, et est utile aussi bien aux parents qu’à leurs proches ou aux intervenants sociaux.

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