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Une première toilette autonettoyante en fonction à Montréal

Photo: Josie Desmarais/Métro

Une des cinq toilettes autonettoyantes qui seront installées à Montréal en 2018 est entrée en fonction mardi près de la station de métro Papineau. Toutefois plusieurs questions restent en suspens.

La toilette de conception européenne est accessible gratuitement, mais l’arrondissement envisage de la rendre payante en cas de vandalisme. «Le fabricant nous conseille de la rendre payante, même à un coût minime. Mais d’un autre côté il ne faudrait pas que ça en limite l’accès aux itinérants», a déclaré Robert Bédard, l’ingénieur qui gère le projet à l’arrondissement de Ville-Marie.

Chaque usager dispose d’un temps d’utilisation de 15 minutes. À la fin, un bras de lavage désinfecte la cuvette et un balai automatisé se charge de nettoyer le sol.

Après l’échec du premier appel d’offres, l’arrondissement fera une nouvelle tentative pour trouver un fournisseur assurant le remplacement des consommables (papier, savon et détergents) durant les heures d’opérations, soit de 6h à minuit. Aucune entreprise n’avait répondu au premier appel d’offres et l’arrondissement ne compte pas renvoyer la tâche à ses cols bleus.

Selon le fabricant, un système de détection les capteurs électroniques de poids installés sous le plancher peuvent être programmés de façon empêcher la porte de se fermer si la limite minimum n’est pas atteinte – dans le cas d’un enfant laissé seul par exemple –, ou si la limite maximum de poids est dépassée (pour notamment éviter la prostitution).

Toutefois, afin de ne pas pénaliser les personnes en fauteuil ou en quadriporteur, la limite maximale a été programmée à un niveau élevé ce qui n’empêchera pas l’équivalent de deux adultes d’être présents dans la toilette, a convenu M. Bédard.

Les quelques curieux qui ont essayé la toilette sont ressortis avec des sentiments mitigés. «J’aime mieux celles de Paris, c’est moins compliqué à utiliser. À 300 000$ la toilette [258 000$ par toilette + les coûts d’installation], je me demande aussi si c’est un bon investissement et si ça va passer l’hiver», affirme Claude Thériault, un citoyen qui passait prendre le métro.

Une autre passante a souligné que la cuvette était encore humide lors de son passage. Chaque utilisateur sera d’ailleurs rationné à 7 feuilles de papier toilette de 20cm. Il s’agit là de décourager les plaisantins qui voudraient boucher la toilette, mais cette décision pourrait déplaire à ceux qui sont habitués à tapisser la lunette de papier avant de s’y asseoir.

Pour les organismes venant en aide aux itinérants, ces toilettes sont une vraie bénédiction. «Ça répond à un besoin fondamental pour les gens qui n’ont pas de maison et qui ne sont pas acceptés dans les commerces», a déclaré Julie Roy, membre de Spectre de rue, un organisme de réinsertion des jeunes marginalisés. Elle souligne que les toilettes combleront aussi des besoins chez les touristes ou les familles.

Aidé de l’organisme Sac-à-dos, son équipe parcourra les sites où sont installés les différentes toilettes pour nettoyer d’éventuel graffitis, mais aussi renseigner et prendre les commentaires de la population.

En tout, 12 toilettes doivent être installées d’ici 2020. Les prochains modèles seront accessibles dans les prochains jours au parc Émilie-Gamelin et sur la rue de la Commune dans le Vieux-Port. Le projet de toilette encastrée dans la pagode de la place Sun-Yat-Sen passe par contre moins bien. «On n’a pas été réellement consultés et les travaux pourraient mettre en péril l’organisation le 24 juin de la Fête nationale dans le Quartier chinois», a indiqué Florence Truong, présidente de L’Association des Chinois du Vietnam à Montréal.

Pour Bryant Chang, vice-président de l’Association Chinoise de Montréal, «il n’y a qu’à Montréal que Sun Yat Sen, connu comme le père fondateur de la République de Chine, est officiellement associé à de la merde».

Lors d’un point de presse mardi, la mairesse Valérie Plante a souligné que s’il n’y avait pas de consensus pour l’installation du toilette dans à la place Sun-Yat-Sen, «le projet serait suspendu». «De nombreuses personnes de la communauté chinoise se sont exprimées. Certains sont pour, d’autres contre. Pour être honnête, je pense que cela serait bénéfique pour le Quartier chinois, pour les touristes entres autres, mais tant qu’il n’y a pas de consensus, on ne peut pas avancer», a-t-elle déclaré.

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