La Roulotte: Théâtre de poche

«Beaucoup d’appelés, peu d’élus», dit l’adage. «Et particulièrement dans le domaine du théâtre», pourrions-nous ajouter. Qu’à cela ne tienne, comme à chaque année depuis 1953, une poignée de nouveaux acteurs sillonneront les parcs de la cité pour le plus grand bonheur de la marmaille afin de présenter une relecture d’Hansel et Gretel.

En 1952, le haut fonctionnaire à la Ville de Montréal Claude Robillard a eu la brillante idée de transformer un camion-remorque en théâtre ambulant afin que les enfants puissent y exprimer leur envie de chanter, de danser et de jouer la comédie. Il en a parlé à l’aspirant comédien Paul Buissonneau, alors commis au magasin Archambault, qui, de son côté, rêvait depuis l’adolescence d’une troupe de théâtre ambulante dans un autobus.

Ce dernier proposa à Robillard de bonifier la formule en encadrant les enfants avec des vrais comédiens qu’il dirigerait et qui, de leur côté, présenteraient aussi une pièce. Dès l’été 1953, la Roulotte propose une première pièce, Pierre et le loup, au Champ-de-Mars.

Et la tradition se poursuivra encore cet été avec des finissants du Conservatoire d’art dramatique et de L’École nationale de théâtre sélectionnés parmi la cuvée 2013.

Au total, la troupe de «romanichels» montréalais présentera 49 représentations de sa relecture du classique Hansel et Gretel. Relecture ? «C’est basé sur le conte popularisé par les frères Grimm mais Charles Dauphinais, également metteur en scène, et Elisabeth Sirois l’ont réécrit afin de l’adapter à un public composé de jeunes enfants (6 à 12 ans). Certains personnages ont été ajoutés, comme le corbeau et les enfants qui se font engraisser par la sorcière qui, pour sa part, est jouée par un homme!», explique la comédienne Laurence Régnier, qui incarnera entre autres, avec son camarade Félix Léveillé, le rôle d’une lutteuse de sumo dans cette pièce qui promet d’en faire rigoler plus d’un.

Ces deux nouveaux comédiens qui décrochent ainsi leur premier rôle professionnel vivent-ils, comme la plupart de leurs collègues, une incertitude angoissante face au métier? «Oui», répondent-ils en chœur.

«Mais j’ai la volonté, et je suis persuadé que c’est la même chose pour Laurence, de créer ma propre job et d’être créatif à l’extérieur du cercle des élus. Je ne veux pas passer mon temps à attendre un coup de fil. Je vais monter des projets, rencontrer des gens, me greffer à des trucs ou, à l’inverse, des gens se grefferont à ceux que je propose», lance Félix avec une détermination sans faille en rappelant qu’environ 80 excellents nouveaux comédiens sortent fraichement formés des diverses écoles à chaque année.

D’ailleurs, les mœurs ont bien changé depuis les années de Paul Buissoneau et consort, et on dispense désormais  des cours d’entrepreneurship dans les écoles de théâtre.

Les deux jeunes personnes et leurs trois collègues comédiens toucheront autour de 10 000 $ chacun au cours de l’été pour leur travail. Voilà qui commence bien une carrière. Parions, comme cela a été le cas pour leurs prédécesseurs de La Roulotte, que nous reverrons leurs visages sur les planches québécoises au cours des années à venir.

 Synopsis
«Hansel et Gretel, c’est deux enfants qui vivent dans une famille où règne une extrême pauvreté. Étant extrêmement tannants, leur mère décide un jour de les chasser de la maison. Ils se perdent alors dans la Forêt du Nord et ils y découvriront plusieurs personnages fantastiques dont une sorcière qui dirige une usine de bonbons. Elle tentera de capturer les deux enfants pour en faire des biscuits, mais cela se retournera contre elle», Charles Dauphinais, metteur en scène.

Théâtre La Roulotte
Hansel et Gretel
49 représentations gratuites d’une durée d’une heure.
Du 26 juin au Parc Lafontaine au 25 août à l’esplanade de la Place des Arts

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