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Drogue «crocodile»: Montréal à l'abri

Photo: Archives Métro

Une espérance de vie de trois ans, une peau nécrosée et des chairs rongées. La drogue «crocodile» produit des effets terribles en Russie. Montréal doit-elle s’en inquiéter?

L’Europe a frémi cet automne. Certains cas de surdoses laissaient penser qu’il s’agissait de la drogue «crocodile». Le quotidien français Midi Libre titrait «Une drogue terrifiante, venue de Russie, déferle sur l’Europe».

L’observatoire français des drogues et des toxicomanies a depuis déclaré que les dispositifs d’observation des drogues en Europe n’ont pas confirmé l’apparition de la substance, ailleurs qu’en Russie.
 
Selon Jean-François Mary, de l’organisme Cactus, qui vient en aide aux toxicomanes à Montréal, il est peu probable que cette drogue arrive dans la métropole. Il existe un contexte propre à la Russie qui explique que plusieurs personnes s’injectent ce produit hautement toxique, dit-il

La drogue «crocodile» est en fait de la désomorphine. Elle tient son nom au fait qu’elle nécrose la peau la rendant d’une couleur verdâtre semblable à celle du reptile. Elle s’attaque ensuite aux muscles et aux os. De plus, sa fabrication chimique est instable et doit être consommée rapidement.

La désomorphine est principalement composée de codéine qui est en vente libre en Russie. Il s’agit donc de la drogue des pauvres, une alternative 10 fois moins couteuse que l’héroïne. Selon le quotidien anglais The Independant, la dose couterait à peine plus de 3$.

Au Québec, la codéine n’est vendue que sous ordonnance. Et même si certains produits tels que le tylénol avec codéine ou certains sirops ne requièrent pas d’ordonnance, il est sous contrôle du pharmacien. Il ne serait donc pas aussi facile qu’en Russie de fabriquer la «crocodile».

«Au Québec, il existe déjà plusieurs autres opiacés moins dangereux que la drogue «crocodile» et moins chers que l’héroïne», indique M. Mary. Les toxicomanes consomment plutôt du dilodide (même s’il n’est pas en vente libre). À titre comparatif une injection de 0,1 gramme d’héroïne (une dose habituelle) coûte entre 20 et 30 $ alors que le prix d’un comprimé de dilodide est de 5 à 10$.

Autre facteur qui joue contre la désomorphine au Québec est le fait que, culturellement parlant, les toxicomanes d’ici ont surtout tendance à s’injecter de la cocaïne, explique M Mary. Cette alternative à l’héroïne n’aurait donc, a priori, qu’une faible popularité.

«De plus, le trafic de drogue est très réprimé en Russie», explique M. Mary. Il arrive donc plus souvent qu’elle ne soit plus disponible et que les toxicomanes en manque soient tentés de se tourner vers la «crocodile» pour être fonctionnel, ajoute M. Mary.

Effets

  • Les effets de la drogue «crocodile» s’estompent au bout de deux heures.
  • Les toxicomanes doivent donc s’injecter plusieurs fois par jours, ce qui multiplie les risques d’infection.
  • En comparaison, un héroïnomane s’injecte environ 3 fois par jour.

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