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Les humains

Chaque mardi, la journaliste et animatrice Julie Laferrière et l’humoriste, animateur et illustrateur Pierre Brassard posent un regard original sur les usagers du transport en commun.

Guichet de la station Laurier. Nous sommes vendredi et il est 8h12. Je sais qu’il est précisément «et douze» et ça me stresse un peu parce que je ne suis pas en avance. Mais j’ai encore bon espoir d’arriver à temps à mon rendez-vous, car il n’y a qu’une personne devant moi et, si tout est fluide, je pourrai attraper le prochain métro qui doit être sur le point de passer.

Comme ma carte à puce est dépouillée de titres, je dois payer mon passage à l’humain, au guichet. Ce qui me fait plutôt plaisir, car j’aime toujours mieux faire affaire avec un être vivant plutôt qu’avec des bornes automatisées.

Je trouve que c’est plus joyeux et, forcément, plus incarné. Mais ce matin-là, mon humanisme est sur le point de prendre une débarque, car les deux spécimens impliqués dans la scène qui suit sont peut-être incarnés, mais loin d’être joyeux et altruistes.

L’employé en poste dans son cube de verre voit rebondir sur les parois de sa guérite le mécontentement du passager devant moi. Ce dernier brandit avec véhémence son billet qui, selon ses propos haineux, est toujours valide et a été recraché injustement par le dispositif automatique.

«Ça marche jamais votre !&!?####&7 de !?!?&#&#? de système à ##%$**$.»

L’employé de la STM ne semble pas apprécier du tout ce courroux matinal. Il balance à l’homme fâché que, s’il n’est pas content, il peut prendre immédiatement la grande porte principale de la station qui, ELLE, fonctionne très bien!

Le citoyen en colère essuie cet affront de façon peu élégante. Les chiens aboient et, au second plan, ce n’est pas la caravane, mais bien le métro qui passe…

Il paraît qu’outre les mots que nous utilisons, chacun de nous est une note qui en fait résonner une autre chez autrui. Ce qui peut créer un effet harmonieux, intéressant, ou encore dissonant. Et je vous promets que le duo qui se produit devant moi est tristement lamentable.

C’est donc non sans une certaine déception que je me résigne ce matin-là à aller charger ma carte à l’aide du système informatisé situé juste en face du guichetier.

Chaque étape se déroule très bien, je dois l’avouer. Sans fausse note, sans déception, mais sans enchantement.

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