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Marcel Aubut est poursuivi pour 448 000 $

Photo: Yves Provencher/Métro

MONTRÉAL — Les allégations de harcèlement sexuel à l’endroit de Marcel Aubut reviennent hanter l’ex-président du Comité olympique canadien (COC), cette fois devant la chambre civile de la Cour supérieure.

L’avocate spécialisée en droit du sport, Amélia Salehabadi-Fouques, a déposé mardi une poursuite de près d’un demi-million $ contre Marcel Aubut, alléguant avoir été victime de harcèlement sexuel de la part de ce dernier à trois reprises.

Selon la poursuite, Marcel Aubut aurait tenté de lui donner «un baiser violent non sollicité» en la raccompagnant à son taxi, ce qui aurait «choqué, intimidé et profondément dégoûté» la demanderesse, qui se serait effondrée en larmes dans le taxi.

La demanderesse affirme que plusieurs collègues de son entourage «ne cachaient pas leur aversion» envers Me Aubut, mais qu’ils l’avaient dissuadé de «tenter quoi que ce soit», certains lui conseillant même «d’attendre que le défendeur recommence avant de porter plainte».

Lors d’une deuxième rencontre au Mondial du soccer féminin à Montréal, alors que Me Fouques était accompagnée de son fils, Marcel Aubut lui aurait demandé à quel moment «ils allaient coucher ensemble».

La troisième instance serait survenue lors d’un gala sportif à Québec, au cours duquel Me Fouques allègue que Marcel Aubut lui aurait dit «qu’il viendrait la rejoindre dans sa chambre d’hôtel».

Choc post-traumatique

Dans sa requête, Amélia Salehabadi-Fouques affirme s’être rendu compte par la suite qu’elle «souffrait de choc post-traumatique lié aux molestations du défendeur».

Elle invoque également des «dommages irréparables à sa réputation, à sa confiance et à son estime de soi» et qu’elle «ne participe plus à aucune rencontre (et) travaille principalement en solitaire de son domicile».

Elle demande donc au tribunal de condamner Marcel Aubut à lui verser 448 000 $ en dommages et intérêts.

Excuses sincères?

Dans sa demande introductive d’instance, Me Fouques souligne que Marcel Aubut s’était excusé publiquement le 9 octobre 2015, six jours après avoir démissionné de son poste de président du COC, mais elle note également qu’il avait nié les allégations de Me Fouques devant le syndic du Barreau, à qui elle avait porté plainte.

La défense de Me Aubut devant le Barreau aurait eu pour effet «d’aggraver (sa) souffrance morale» et mettait en doute, selon elle, «la sincérité de (ses) excuses publiques.»

Selon le document, Marcel Aubut «manoeuvre, trompe les gens et tente d’ensevelir l’affaire.»

Me Fouques avait été l’une des rares parmi un certain nombre de victimes alléguées à l’époque où le scandale avait éclaté en 2015 à s’exprimer publiquement, mais elle n’avait pas entrepris de démarches judiciaires à ce moment.

Elle s’était contentée de porter plainte contre Me Aubut au Barreau, mais avait abandonné le dossier lorsque le syndic avait refusé de porter la plainte devant le conseil de l’ordre professionnel des avocats.

Une autre victime

Pendant ce temps, une autre femme disant avoir été victime des gestes inappropriés de Marcel Aubut s’est manifestée publiquement mardi, dans une entrevue au réseau de télévision anglophone CTV.

Leanne Nicolle, l’ex-directrice générale de la Fondation olympique canadienne, a décrit lors de cette entrevue des gestes de harcèlement sexuel, des commentaires inappropriés et un climat de harcèlement psychologique intense envers ses employés lors des Jeux olympiques de Sotchi en 2014.

Mme Nicolle affirme que le comportement de Marcel Aubut a détruit son estime d’elle-même.

Elle a affirmé à la chef d’antenne Lisa LaFlamme que les accusations récentes de harcèlement visant des personnalités bien en vue l’ont inspirée à prendre la parole publiquement.

Marcel Aubut s’était temporairement retiré de ses fonctions en septembre 2015 lorsqu’il avait été dévoilé qu’il faisait l’objet d’une plainte interne de harcèlement sexuel au COC.

Il avait démissionné de ses fonctions quelques jours plus tard, le 3 octobre 2015, ce qui mettait fin à l’enquête interne le visant, avant de faire ses excuses publiques six jours plus tard.

«L’alerte Marcel»

Toute l’affaire avait mené à une enquête en profondeur d’une firme indépendante sur les pratiques et politiques du COC. Le rapport de la firme Rubin Thomlinson avait dressé le portrait d’un organisme où les gestes et agissements inappropriés de Marcel Aubut étaient connus de la direction depuis 2008.

Le rapport révélait que la majorité des 100 employés du COC avaient été victimes de harcèlement personnel ou sexuel de la part de Me Aubut et que ce dernier avait dû signer dès 2011 une lettre dans laquelle il s’engageait à cesser de «toucher ses employés»

L’avocate Christine Thomlinson, qui avait mené l’enquête interne, avait également dévoilé l’existence d’une «alerte Marcel» dans certains bureaux du COC, un système de messages texte et de courriels avertissant les employées de la présence du président dans leur bureau, une habitude instituée dès 2009.

Quelques jours après la publication du rapport Thomlinson, deux dirigeants et un gestionnaire du COC avaient remis leur démission.

Marcel Aubut était entré au Comité olympique canadien en 2000. Il avait été élu à la présidence en 2009 et était entré en fonction en 2010.

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