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Ariane Moffatt: «Fragile, sans défense, comme le nourrisson qui naît»

Photo: Josie Desmarais

Le 14 juillet 2017, Ariane Moffatt accouchait de son petit dernier, bébé George. C’est à cette même date, ou presque, qu’elle a entamé le processus de création de son nouvel album, Petites mains précieuses, qu’elle met au monde ce vendredi.

«Pour moi, c’est facile de relier un album à une période de vie vraiment précise parce que, souvent, il naît de quelque chose qui a été important dans ma vie», explique la chanteuse à propos de son sixième album de chansons originales en carrière.

Petites mains précieuses est un opus mature, poétique, axé sur les textes. Un album différent des autres, oui, mais qui garde sa touche Ariane Moffatt très distincte. «J’ai un son à moi, affirme la principale intéressée. De la chanson hybride entre de l’électro et de l’acoustique, avec des textes centraux.»

Différence principale avec ses prédécesseurs? «Celui-ci a peut-être une approche plus chanson dans la composition.» La chanteuse, qui a toujours su pondre des chansons et des poèmes accrocheurs, s’est surpassée sur cet album. «Pour les textes, je me suis lâchée et je n’ai pas tenu à trop revisiter quelqu’un d’autre ou à collaborer en écriture. C’était une façon pour moi de rester le plus près possible de ce que je ressentais.»

«J’ai envie de laisser la poésie respirer.» – Ariane Moffatt, au sujet des textes de son nouvel album

Sur ses chansons, où elle parle de deuil, de démence, d’amour, de combat, on sent Ariane Moffatt à fleur de peau, un peu comme elle l’était sur son tout premier album, Aquanaute, paru il y a déjà plus de 15 ans. «J’ai retrouvé cet état-là, fragile, sans défense, comme le nourrisson qui naît. Ce n’était pas volontaire; c’est après coup que j’ai vu les similitudes dans les façons de me livrer sans pudeur, de toucher des zones plus sombres», affirme-t-elle.

Vous aurez compris qu’il n’y a pas vraiment de chanson de party sur cet album, comme Miami sur 22h22. «C’était peut-être moins mon état d’esprit. C’est un album qui est une ode à l’intime.» Cette ambiance est portée par le symbole fort de l’album: la main. On la trouve dans le titre, sur la chanson La main et en référence dans quelques autres pièces.

Pour la petite histoire, c’est Henri, son garçon, qui lui a inspiré le titre, et ainsi, le thème de son album, comme le raconte Ariane Moffatt: «Depuis que George était né, chaque fois que Henri entrait dans la pièce, il sautait sur ses mains et il disait : “Oh les petites mains précieuses.” Il a inventé ce terme-là. Et dans un moment entre ma tête et ce quotidien bouillonnant qui m’entoure, je me suis dit : “C’est ça, c’est la main.” Oui, on peut parler de cette main-là que j’ai tenue dans l’incubateur, si fragile, comme première image [George est né prématuré], mais c’est beaucoup plus grand que ça. C’est ce symbole de la main qui donne, qui prend, qui relie, qui partage, qui nous amène dans l’intime et le vrai besoin de l’autre.»

Son rôle de mère n’a pas seulement inspiré sa nouvelle musique; il dicte maintenant la façon dont elle voit la suite de sa carrière, la façon dont elle gère ses pulsions de création. «Depuis que j’ai des enfants, c’est comme si une deuxième partie de ma carrière venait de commencer. Je fais des choix différents, j’ai des priorités différentes, je ne fais pas que penser à moi et à ma carrière. J’aime l’idée de composer avec ces deux réalités.»

Au final, l’un ne va plus sans l’autre. «Je pense que la création, c’est ma façon de garder un espace à moi dans le chaos heureux, c’est une façon de ne pas être complètement aspirée par ma fonction de mère. Ça me permet de garder un contact avec moi à l’extérieur du rôle de mère.»

Petites mains précieuses
Disponible le 19 octobre

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