Guy Delisle, irrésistible père indigne

Honoré d’un Alph’Art à Angoulême l’an dernier pour ses Chroniques de Jérusalem, l’auteur de BD Guy Delisle revient avec Le guide du mauvais père (Delcourt). Un voyage presque aussi déstabilisant.

Avec Le guide du mauvais père, Guy Delisle quitte les contrées exotiques qui ont inspiré ses fameux Pyongyang, Chroniques de Birmanie et autres Chroniques de Jérusalem pour aborder le monde le plus effrayant qui soit : la paternité.

Heureusement, chez lui, pas de risettes ni d’extases cucul. Mais des vignettes reproduisant des situations jamais vulgaires ni extrêmes, mais tellement honteuses qu’elles font franchement rire.

Québécois installé à Montpellier, Guy Delisle s’est largement inspiré de sa petite famille pour construire son œuvre. Ses lecteurs connaissent déjà ses deux enfants pour les avoir croisés dans ses albums sur ses expériences d’expatrié, et son épouse qui travaillait pour MSF, et qu’il a suivie au bout du monde. De retour en France pour de bon, il a créé un blogue où il a montré son autre activité : celle de père au foyer. Il a commencé à poster de petits strips humoristiques «sur mes aventures paternelles, mes exaspérations, mes tendresses. Beaucoup s’y sont reconnus. C’est comme ça qu’est venue l’idée du livre», confie-t-il.

Louis, neuf ans, et Alice, six ans, s’y retrouvent face à un père qui préfère sa musique et son journal à leurs appels. «Les anecdotes sont presque toutes basées sur le réel. La petite souris (celle qui passe la nuit pour changer une dent de lait contre une pièce) oubliée pendant deux jours est 100 % vraie. Mais je n’ai jamais mis une tronçonneuse entre les mains de mon fils, ni parlé de singe voleur d’enfants à ma fille pour l’endormir!». Dans ces pages, Guy Delisle se montre un père tellement indigne que ça relativise bien des préceptes à la Françoise Dolto.

«Parfois, en dessinant, j’avais des scrupules au sujet des affreuses maladresses de ce père. Mais c’est ça qui est drôle. Et la BD devient un exutoire. En revanche, je vais cacher l’album à mes enfants, qui ne comprendraient pas le second degré…» Guy Delisle sera au Festival d’Angoulême du 31 janvier au 3 février, puis il changera à nouveau de cap : «Je vais raconter pour la première fois l’histoire de quelqu’un d’autre. Celle d’un administrateur de MSF, Christophe André, kidnappé en Tchétchénie dans les années 1990 et resté otage trois mois. Il est parvenu à s’évader avant qu’une rançon d’un million de dollars soit versée.»

Le guide du mauvais père
Aux éditions Delcourt
Présentement en librairie