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«The 108 Journey»: quand la bipolarité devient une force

The 108 Journey
Hugo Rozon dans son documentaire «The 108 Journey» Photo: Collaboration spéciale/Hugo Rozon

Dans The 108 Journey, Hugo Rozon, 25 ans, partage avec le public ce qu’il a de plus intime: sa bipolarité. Métro a pu discuter avec lui de ce documentaire touchant, présenté pour la journée Bell Cause pour la cause.

De l’Inde au Népal, The 108 Journey nous est montré comme un carnet de voyage en image, celui de son protagoniste et coréalisateur. Atteint de bipolarité, Hugo Rozon nous livre ainsi ses pensées ponctuées d’aventures et de rencontres, dont il tire de chacune des enseignements positifs et bienveillants. Aux antipodes des tabous enchaînés à la santé mentale, le film apporte espoirs et réflexions plus que jamais nécessaires. Ouvre le dialogue, aussi.

The 108 Journey est votre premier documentaire. Pourquoi avez-vous eu envie d’évoquer la santé mentale?

Dans mon entourage, j’ai plusieurs amis qui ont aussi reçu des diagnostics en santé mentale. On en parlait entre nous et ce projet, qui n’était pas un film au début, est né de l’envie de nous rassembler et de nous exprimer sans jugements, sans honte, pour devenir la cure des gens incompris. Je ne voulais pas aborder l’aspect formel et médical, mais plutôt créer un environnement où les gens qui se sentent différents soient compris, car il y a encore beaucoup de tabous. Mon but n’est pas devenir un gourou ou un coach de vie. Je me vois simplement comme un membre de la communauté. Mais avant d’aider les autres, j’avais besoin de faire une introspection.

Qu’en est-il de la bipolarité dont vous êtes atteint?

Les premiers six mois de ma bipolarité, j’allais souvent sur des forums et je lisais que j’allais rester anxieux pour le restant de mes jours par exemple. Tout était dramatique et c’était difficile à vivre. Je pensais que c’était une maladie grave. Et puis j’ai eu la chance de rencontrer d’autres personnes bipolaires, car même si j’avais le soutien de mes proches, je me sentais seul. C’est complexe et ça prend du temps à saisir. Le travail d’une vie. Tout a changé quand on m’a donné une médication adaptée et qu’on m’a dit que la bipolarité pouvait devenir une force. Maintenant, je suis heureux 80% du temps, et j’ai même pu monter une compagnie qui marche bien. Si on me proposait de ne plus être bipolaire, je dirais non, car c’est ce qui fait toute ma personnalité, d’être unique. Toutes les personnes bipolaires ne sont pas pareilles. Enfin, ce n’est pas une faiblesse d’avoir des émotions.

Pour en revenir à cette introspection, pourquoi avoir choisi l’Inde et le Népal?

J’ai toujours été inspiré par les Beatles, Bob Dylan, Steve Jobs… Donc c’était très intrigant pour moi d’aller là-bas. Ça a vraiment été un gros choc au début, mais le pays est magnifique et diversifié, du calme des montagnes au chaos de la ville. Un matin, après avoir passé une nuit agitée j’ai voulu me reprendre en main en allant courir sur la plage. Il faisait 45 degrés, j’étais fatigué et j’ai soudainement perdu mon souffle. À partir de ce moment, j’ai arrêté de boire complètement et je suis allé à Rishikesh, la capitale du yoga. Je m’y suis reposé pendant un mois et demi.

On sent une certaine dualité dans le film. Pouvez-vous nous en dire plus?

C’est vrai. Dans la vie, j’ai toujours eu l’impression d’être dans la dualité. On trouve souvent que j’ai l’air d’une personne qui va bien, mais ça m’arrive de perdre le contrôle comme si c’était une autre partie de moi. Pendant le voyage, au milieu des montagnes, j’ai eu un déclic. Tout seul et avec peu de points de repères, il a fallu que j’apprenne à travailler mes anxiétés et mes dépressions. J’ai réalisé que je n’avais pas besoin de me battre contre moi-même, de me juger. Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’il y a une union entre mes deux côtés. J’essaie de trouver un équilibre, une discipline, je mange bien, je ne bois plus vraiment d’alcool, etc. C’est comme si j’avais plus de force, plus de confiance maintenant.

Yohan est un personnage fort. Qui est-il?

Yohan est un mentor pour moi. Je l’ai rencontré dans un bus en Asie du Sud-Est et on avait parlé sans arrêt pendant huit heures. C’est lui qui m’a introduit au numéro 108. Autant dans la science que dans l’astrologie chinoise, il implique et signifie beaucoup de choses et je l’ai gardé comme porte-bonheur. Je suis toujours resté en contact avec Yohan et, comme on le voit dans le documentaire, on s’est retrouvés en Inde. Quand on parle de santé mentale, il m’ouvre vers d’autres perspectives qu’on ne voit pas nécessairement au Québec ou en Occident. La spiritualité m’aide à voir la vie d’une autre façon.


The 108 Journey sera présenté gratuitement en ligne et en primeur le jeudi 28 janvier à 20h.

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