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Ontario piétonne: le bonheur des uns, le malheur des autres

La rue Ontario, mardi 8 septembre
Photo: Métro

C’est mardi 8 septembre que s’achève la piétonnisation de l’une des grandes artères de Montréal: la rue Ontario dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve.

Cette rue commerciale très fréquentée était fermée à la circulation depuis le 2 juillet entre la rue Darling et le boulevard Pie-IX. L’objectif de la Ville? Accroître la vitalité et la rentabilité commerciale du quartier.

Force est de constater que l’expérience n’a pas plu à tout le monde. En sondant les commerçants de la portion piétonne en ce mardi, Métro a pu constater une chose: le bonheur des uns (les cafés et les bars) a fait le malheur des autres (les commerces de détail).

Les cafés et les bars contents

Martin Lefèvre, propriétaire du Café Des Alizés fait partie des heureux.

«Pour moi le bilan est positif. La piétonnisation veut dire plus d’achalandage, et donc plus de clients. La rue est dégagée, il y a davantage de gens qui s’y baladent dès très tôt le matin. On ne voyait pas ça avant.»

Un peu plus loin du côté de l’Atomic Café, l’été fut également une réussite.

«Il s’agit d’une expérience profitable pour notre type de commerce, mais aussi pour la vie de quartier », déclare Martin Pelletier, l’un des propriétaires de ce petit café bien connu des habitants du voisinage.

Pour lui, le projet a donné un visage plus humain à la rue Ontario, moins défigurée par le passage bruyant des autos. «Je trouve que les villes ont trop valorisé les voitures jusqu’ici. Je serais d’accord pour recommencer l’an prochain.»

Bilan «très positif» aussi du côté du Trèfle, l’un des bars les plus connus de la rue Ontario.

«Les places supplémentaires sur la terrasse nous ont beaucoup aidés en situation post-Covid, indique joyeusement le propriétaire, Rémi Pierre-Paquin qui se réjouit en outre de la «super vibe » qui a régné tout l’été sur la rue.

«Ça fait 7 ou 8 ans qu’on est là, et c’est le premier été que l’on voit autant d’ambiance dans le quartier. C’est très positif.»

«Il s’agit d’une expérience profitable pour notre type de commerce, mais aussi pour la vie de quartier. » -Martin Pelletier, l’un des propriétaires de l’Atomic Café

Ailleurs sur Ontario, une perte de clients

Du côté des mécontents, on trouve des commerces d’une autre nature: boucherie, magasin de tissus, fruiteries, et même un cabinet de dentiste. Pour plusieurs d’entre eux, la piétonnisation a entraîné une perte de clients.

«On a eu une baisse de clientèle», déplore Josée Valois de la boutique de jouets Bric-à-Brac qui n’a jamais connu un tel été en 12 ans derrière sa caisse. Elle espère que l’expérience ne sera pas reconduite.

«D’habitude, on a un arrêt d’autobus qui s’arrête juste devant notre entrée, ce qui est pratique pour les personnes âgées. Là, il faut qu’elles débarquent sur la rue Rouen ou je ne sais où! Avec la rue barrée, il y a moins de stationnements et donc moins de gens.»

Même son de cloche à la Clinique Dentaire Aoude qui a «détesté» l’expérience.

«Si nos patients ont de la difficulté à stationner, ils vont moins venir ici, indique Chantal Goudreau, réceptionniste. En bloquant une artère principale, la circulation se fait moins bien, d’autant qu’il y a énormément de travaux dans les rues adjacentes.»

Enfin, du côté de la Fruiterie Papaye et Mangue, on déplore un manque à gagner et des conséquences négatives sur le travail des livreurs.

«Ma propriétaire n’est vraiment pas contente, elle a pu constater que le chiffre d’affaires est moins bon», indique Noïssa Labelle, caissière depuis deux ans.

«Les livreurs doivent se parquer sur le coin, venir avec leurs diables et tout leur stock, et ça plusieurs fois par jour! C’est compliqué pour eux! Pourquoi ne pas avoir mis un sens unique et piétonniser qu’un seul côté de la rue?»

La Société de Développement commercial Hochelaga-Maisonneuve, qui représente plus de 300 commerçants des Promenades Ontario et Sainte-Catherine Est, a tenté de remédier aux difficultés de stationnement en demandant à l’Arrondissement d’ajouter des espaces de stationnement 15 min et 2h aux intersections sur les rues transversales, a indiqué à Métro son Directeur Général, Jimmy Vigneux.

Mais ça n’a pas changé grand-chose. Il était plus difficile de venir sur la rue Ontario en voiture qu’en temps normal.

Appelée à réagir à ce bilan mitigé, la Ville indique qu’un sondage préliminaire a été mené par l’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve démontrant un appui de 81% des résidents à cet aménagement. Un bilan complet de cette expérience sera complété cet automne, ajoute Catherine Cadotte, attachée de presse au cabinet de la mairesse Valérie Plante et du comité exécutif de Montréal. Celui-ci devra tenir compte de la sécurité, de la satisfaction des utilisateurs et des commerçants, de l’accessibilité universelle, et de la qualité du design des aménagements.

 

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