Plus de la moitié des résidences pour aînés ne sont pas dotées de gicleurs

Près d’un an avant la nuit fatidique du 22 janvier où la résidence du Havre a été la proie des flammes, dont le bilan se chiffre à 19 décès et 13 disparus, le ministre de la Santé, Réjean Hébert, s’inquiétait déjà du manque de gicleurs dans les résidences privées pour aînés.

« Faut-il attendre qu’on ait un drame, M. le Président, avant d’implanter des règles claires pour les résidences qui accueillent des gens en perte d’autonomie? », avait-il demandé à l’Assemblée nationale en février 2013. Du même souffle, il avait mentionné que les nouvelles règles pourraient prévoir la présence de gicleurs. Or, le nouveau processus de certification décrété depuis par Québec ne rend pas obligatoire l’installation d’un tel système d’arrosage.

Gicleur : oui, mais…

Selon Louise Desrosiers, chef de section à la prévention au Service de sécurité incendie de Montréal (SIM), un système de gicleurs peut aider à sauver des vies, mais ce n’est pas la panacée.

« La fonction première de ce dispositif est de ralentir et de confiner l’incendie pour donner un peu plus de temps à l’évacuation. Mais il faut comprendre que ce n’est pas le feu en tant que tel qui va tuer les gens, mais plutôt la fumée. Il peut y avoir énormément de dégagement de fumée avant même que le premier gicleur ne se mette en fonction. »

Selon Mme Desrosiers, le délai raisonnable d’évacuation varie en fonction du genre de bâtiment et du type de clientèle qui le fréquente. En moyenne, elle doit pouvoir s’accomplir entre huit et 11 minutes. Le temps de réponse des pompiers, quant à lui, est de l’ordre de 5 minutes, dans le cas des résidences pour personnes âgées.

« À Montréal, ça pose moins problème, car on a un service permanent. On est habituellement là en moins de 5 minutes. Comme les résidences pour aînés sont classifiées comme étant à plus haut risque, on a, en moyenne, une quarantaine de pompiers qui se déplacent dès le premier appel, avec environ 16 camions. Le temps joue beaucoup lorsqu’on parle d’évacuation et de propagation de l’incendie », explique-t-elle.

Prévention

Lors du processus de certification des résidences pour personnes âgées, un plan de sécurité incendie, comprenant une inspection du bâtiment, est mis sur pied. Celui-ci est révisé tous les trois ans. À Montréal, les 240 résidences se sont conformées à cette exigence.

« On fait un exercice d’évacuation partielle pour former le personnel à évacuer les résidents dans ce type de bâtiment. Un cahier du ministère explique aussi comment faire. On effectue aussi une inspection du bâtiment.

« Les responsables des établissements se doivent de procéder à des exercices d’évacuation annuel. S’ils ont besoin de nous, on se déplace gratuitement. Mais c’est à leur demande. C’est un service au citoyen », insiste Mme Desrosiers.

Outre les gicleurs, les avertisseurs de fumées permettent de réagir rapidement en cas d’incendie. Toutefois, Mme Desrosiers déplore que plusieurs personnes omettent de sortir lorsqu’elles entendent l’alarme, prenant pour acquis qu’il s’agit d’un exercice.

Pour en savoir plus, on consulte le www.ville.montreal.qc.ca/sim. – En collaboration avec Frédérique Charest

Aider les personnes vulnérables

Lors d’un incendie, toutes les minutes comptent pour éviter une tragédie. Or, pour les personnes à mobilité réduite ou présentant un handicap (surdité, limitation visuelle, etc.), il peut être ardu de sortir rapidement d’un bâtiment en flamme. Afin d’aider les pompiers dans leur intervention, le SIM a mis sur pied un service où les gens peuvent signaler des personnes vulnérables. Cette base de données leur permet de les repérer et de les aider à évacuer en cas d’urgence. Information : ville.montreal.qc.ca/sim/programme-daide-levacuation-durgence