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L’arme dans le quotidien

Frontière
Andréanne Bissonnette - Métro

Une signature au bas d’un formulaire sur lequel je n’avais qu’à écrire la moitié des informations requises, voilà tout ce qu’il a fallu pour me permettre de louer une arme à feu dans un centre de tir au cœur de la région frontalière du Texas où je me trouvais en avril dernier.

S’en est suivi un échange fort éducatif pour la Montréalaise en moi sur les armes à feu, leur poids culturel, les divisions qu’elles entraînent et le danger produit lorsqu’elles se retrouvent dans des mains inadéquates. Le tout, à côté de deux fervents adhérents de la National Rifle Association – casquettes à l’appui!

Après la discussion, il était temps de tirer. Et à ce moment, j’ai compris toute la puissance de cet objet : une force violente, mais également un pouvoir rhétorique associé à cette idée désuète d’un besoin de protection.

Certes, lorsque la Constitution des États-Unis a été rédigée il y a plus de 200 ans, l’intérêt de pouvoir se défendre dans un contexte de colonisation de l’Ouest et d’absence de forces policières organisées pouvait être valable. En 2019, plus tellement.

[Au moment de tirer]j’ai compris toute la puissance de cet objet : une force violente, mais également un pouvoir rhétorique associé à cette idée désuète d’un besoin de protection

C’est dans ce même contexte – à la frontière mexicaine-étatsunienne – que la semaine dernière, un homme de Dallas a ouvert le feu sur une foule majoritairement latino-américaine dans un Walmart d’El Paso. Ce même Walmart où il est possible de se procurer une arme à feu, sans permis. Et cette même ville où, moyennant un permis, il est possible de porter son arme en tout temps – même sur le campus de l’université.

Les événements de la semaine dernière, qui ont ébranlé le pays tout entier, ont insufflé un nouveau souffle à une volonté fédérale de légiférer plus étroitement sur les armes à feu (un projet de loi à l’étude permettrait de resserrer les normes des vérifications d’antécédents et d’appliquer un red flag afin d’empêcher les gens dont la sécurité ou celle des autres pourrait être menacée de se procurer une arme).

Il est encore trop tôt pour se réjouir, la question du contrôle des armes à feu étant profondément divisée selon les lignes de parti.

Or, au Texas, c’est plutôt l’inverse qui se produit : alors que les funérailles des victimes sont célébrées, l’État s’apprête à élargir les droits du port d’armes. Dès le 1er septembre, les détenteurs d’armes à feu pourront conserver celles-ci dans leur véhicule verrouillé sur le terrain d’une institution scolaire et les porter dans les lieux de culte.

Alors que les tueries de masse se multiplient, au Texas et ailleurs, et que les discours accentuent les points de dissension et ignorent les points d’unité, la réponse républicaine permettant un plus grand accès aux armes à feu et surtout une plus grande possibilité de porter son arme en tout temps crée de multiples insécurités, notamment dans des lieux vulnérables tels que les écoles et les lieux de culte.

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