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Coupe du monde féminine: l’équité des genres dans les sports demeure un problème malgré des avancées majeures

Photo: Gracieuseté FIFA
Treisha Hylton, Wilfrid Laurier University - La Conversation

La Coupe du monde féminine de la FIFA vient de débuter en Australie et en Nouvelle-Zélande. En tant que plus grand événement sportif féminin au monde, elle donne l’occasion aux footballeuses de représenter leur pays et de compétitionner au plus haut niveau sur la scène mondiale.

Avec une compétition plus forte viennent de plus grands investissements et des augmentations prévues de l’audimat et de l’assistance dans les stades. La Coupe du monde féminine 2023 promet d’être meilleure que jamais.

L’Australie a déjà vendu son premier match à guichets fermés (83 500 sièges) et plus d’un million de billets ont été vendus la semaine qui a précédé la compétition. Avec plus d’options de visionnement que jamais, les possibilités de regarder les matchs sont nombreuses.

Au moins sept équipes ont des chances d’être couronnées championnes. Les nouvelles venues tenteront de déstabiliser la puissante équipe des États-Unis, qui va défendre son titre et essaiera de remporter son troisième championnat FIFA de suite.

Lors d’un match amical précédant la Coupe, la Zambie a remporté un match contre l’une des équipes favorites, l’Allemagne. Leur victoire inattendue indique que des équipes passées sous le radar pourraient causer des surprises cette année.

Pour l’amour du jeu

J’encourage la Jamaïque, le Canada, Haïti, la Zambie et le Maroc. En tant qu’ancienne milieu de terrain et fan, ainsi qu’universitaire féministe noire militant pour l’égalité des sexes dans le sport, je trouve qu’il y a énormément de choses à aimer dans le football. Connu sous le nom de soccer en Amérique du Nord, c’est le plus beau des jeux. Il est simple et magique, et c’est peut-être l’un des sports les plus émouvants.

Bien que 24 ans aient passé, je me rappelle tout aussi vivement la célébration mémorable de la joueuse américaine Brandi Chastain suivant la victoire de son équipe à la Coupe du monde féminine, après son tir de pénalité.

Cet instant demeure toujours un moment significatif, autant pour le football féminin que pour les sports féminins. Depuis, le football a connu une évolution fulgurante en se développant de manière exponentielle, avec le développement de plusieurs ligues professionnelles féminines en Europe et en Amérique du Nord.

Plus d’investissements que jamais ont été alloués à la Coupe du monde féminine de 2023. VISA est devenue le premier commanditaire officiel et la FIFA s’est engagée à verser au moins 30 000 dollars à chaque joueuse.

Les équipes représentant la Zambie, Haïti et le Maroc — dont les parcours jusqu’à la Coupe du monde sont à la fois remarquables et inspirants — démontrent bien la croissance internationale du jeu.

Cette année — une première historique — neuf coachs féminines sont à la tête d’équipes en compétition à la Coupe du monde. Il y a également une plus grande volonté de raconter les histoires inspirantes des femmes, ainsi que leur parcours.

Megan Rapinoe mérite tout particulièrement des éloges, étant une des joueuses de football les plus influentes de son temps. Elle prendra sa retraite au cours de l’année. Elle a pavé le chemin aux filles et aux femmes afin qu’elles ne soient pas que des héroïnes sur le terrain, mais également dans la société en général, en plaidant pour le changement dans le sport et ailleurs.

On ne peut pas se contenter de « jouer malgré tout »

Dans le sport, il existe un dicton disant de « jouer malgré tout » (« play through it »). Il signifie que, quels que soient les obstacles rencontrés, il faut persévérer et continuer à aller de l’avant afin atteindre son objectif.

Les joueuses présentes à la Coupe du monde cette année ont eu à surmonter de nombreux problèmes. Plusieurs de ces obstacles persistent, dont le manque de fonds pour la formation et l’équité salariale.

Bien que le fait de jouer pour leur pays soit une source de fierté, les joueuses ont besoin d’un meilleur soutien financier. Il devrait être au moins équivalent à celui de leurs homologues masculins.

En juin, l’équipe jamaïcaine a publié une lettre ouverte soulignant le manque de soutien qu’elle a reçu en amont de la Coupe du monde. Les joueuses ont dû s’entraîner et compétitionner dans des conditions médiocres, voyager de manière désordonnée, et sans les compensations promises dans leurs contrats.

L’équipe sud-africaine a récemment refusé d’entrer sur le terrain, exprimant l’incapacité de leur fédération de football à leur fournir les ressources nécessaires à la formation et à l’équité salariale pour la Coupe du monde. Les équipes féminines du Canada, de l’Angleterre et de l’Espagne ont également exprimé des préoccupations concernant l’équité salariale et les disparités en matière de soutien.

La violence sexuelle dans le sport

Il y a d’autres conditions déplorables que les femmes ne devraient jamais avoir à subir. Le harcèlement sexuel est l’une des formes les plus répandues de violence à l’égard des femmes et il continue d’être un problème constant et flagrant dans le sport féminin.

La Coupe du monde féminine n’est pas différente et la FIFA a encore beaucoup à faire pour démontrer qu’elle accorde la priorité à la sécurité et au bien-être des athlètes féminines.

Par exemple, des allégations d’inconduite sexuelle ont été formulées à l’encontre de l’entraîneur zambien. Ces allégations ont été étouffées, car l’équipe féminine zambienne gagne et obtient des résultats impressionnants. Des allégations d’agression sexuelle ont également été soulevées par l’équipe haïtienne.

Je regarderai la Coupe du monde avec l’amour du sport dans les yeux, mais aussi avec un regard critique sur l’équité et la justice pour les joueuses. La clé d’une Coupe du monde féminine de la FIFA réussie réside dans la résolution des nombreux problèmes systémiques liés au sexisme. Le sport féminin ne pourra pas atteindre son plein potentiel tant que les femmes et les jeunes filles seront exposées à la violence sexuelle.

Un regard vers l’avenir

Comment pouvons-nous garantir une meilleure Coupe du monde féminine en 2027 ? Elle doit mettre en lumière les progrès du football féminin en dehors du terrain, où les femmes et les filles sont en sécurité et à l’abri de la violence verbale, émotionnelle et sexuelle.

Les joueuses doivent voir leur pays investir en elles et dans la prochaine génération. Bien des choses dépendent de ce qui est fait maintenant. Tandis que nous soutenons et encourageons les joueuses de la Coupe du monde, nous devons à la fois plaider pour elles en faveur de la justice et de la protection, et poursuivre des réformes dans le sport féminin.

Treisha Hylton, Assistant Professor, Faculty of Social Work, Wilfrid Laurier University

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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