L’homme de la semaine

Jacques Duchesneau est sans conteste l’homme de la semaine. Son passage à la Commission Charbonneau était attendu. Loin de décevoir, il a enfilé les révélations. Son rapport a été épluché paragraphe pas paragraphe. Il s’est fait grillé par les procureurs en gardant toujours son flegme. Sans broncher, il a affirmé avoir coulé le rapport à Marie-Maude Denis pour éviter qu’il ne soit tabletté. Surprise. Après avoir quitté son poste, il a poursuivit son travail de façon bénévole.

Il a rencontré 13 témoins pour tenter de comprendre les liens entre le financement  des partis politiques et l’attribution de contrats de construction. Clairement, il dérange.

Ce n’est un secret pour personne. En le nommant à la tête de l’UAC (Unité anti-collusion), le gouvernement comptait profiter de sa crédibilité pour diminuer la pression populaire, et ainsi éloigner la perspective de la création d’une commission d’enquête. Les choses ne se sont pas passées ainsi. Au contraire, il fut l’homme par qui la Commission Charbonneau est arrivée.

Campé de ses deux collaborateurs de l’époque de l’UAC, il a offert toute sa collaboration. Jamais il n’a changé de ton, pas même sous les attaques les plus virulentes des procureurs du gouvernement et du Parti québécois. Des contre-interrogatoires musclés qui ont certes permis d’illustrer quelques brèches, sans toutefois discréditer totalement sa thèse. Certaines images sont fortes. 70 % du financement de partis politiques proviendrait d’argent sale.

Son passage ouvre des pistes pour les commissaires. Les attentes sont élevées. La Commission Charbonneau a du pain sur la planche pour livrer ses promesses. La poigne de la Commissaire n’a d’ailleurs pas tardé à s’illustrer. Du tac au tac, elle a rétorqué à l’avocat du procureur général, qui demandait aux commissaires s’ils réalisaient l’ampleur du travail de recherche demandé, «je connais l’ampleur du mandat qu’on nous a confié». Sa décision de ne pas déposer le rapport bénévole du citoyen Duchesneau en réponse à une demande du Parti québécois indique qu’elle n’entend pas se faire imposer un agenda.

La Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction, c’est sont vrai nom, ne fait qu’amorcer ses travaux. Cette semaine, Jacques Duchesneau a contribué à mettre la table pour la suite des choses. Il a transmis le relai à madame Charbonneau. Il lui appartient, avec ses collègues, de poursuivre le travail parce que la confiance des Québécois en dépend.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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