Une occasion manquée

Stephen Harper est-il fidèle ou aveugle? Ce n’est pas clair. Chose certaine, il donne plus d’une chance à ses ministres. Si tout n’est pas une cause de démission et que l’opposition crie parfois au loup, le cabinet conservateur a eu plusieurs occasions de démettre des joueurs clés de leurs fonctions. Avec son mini-remaniement de cette semaine, qui a permis à Julian Fantino et à Bernard Valcourt de monter en grade, Stephen Harper confirme que les incartades de ses ministres ne justifiaient pas de grands changements à ses yeux. Pourtant…

Puisqu’elle quittera officiellement son poste le 31 juillet 2012, c’est finalement Bev Oda qui a provoqué les choses. Certains diront qu’il était temps.

Depuis plusieurs années, elle mettait son gouvernement dans l’embarras. La ministre de la Coopération internationale aura pourtant eu plusieurs chances. Cela provoquera aussi une élection partielle dans un comté où les conservateurs disposent d’une confortable majorité.

Sa feuille de route laissait pourtant présager de meilleures performances. Vice-présidente principale de CTV, elle aurait pu relever ses défis de ministre avec plus de panache. Elle est la preuve que tous ne sont pas faits pour la politique.

Quand une ministre reconnaît avoir menti au Parlement, on ne devrait faire ni une ni deux et exiger sa démission. À moins que le respect du Parlement ne constitue pas une valeur fondamentale
pour son chef…

L’épisode de cette semaine nous montre un premier ministre dont la tolérance envers ses ministres est à géométrie variable. Dans plusieurs cas, il aurait dû agir plus promptement et sévir contre certains ministres. Dans d’autres, il a agi avec précipitation. Le cas d’Helena Guergis constitue l’exception qui confirme la règle. On se rappelle qu’avant les élections, elle a été la cible des foudres de son patron avant même d’être blâmée par la commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique, Mary Dawson.

Un véritable remaniement aurait permis de redonner un peu de tonus à une équipe où l’on retrouve plusieurs éclopés. Il y a d’abord Peter MacKay, avec ses escapades en hélicoptère et ses chiffres contradictoires avec ceux de l’état-major de l’armée. Christian Paradis n’est pas en reste, avec ses démêlés avec la commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique. Il y a aussi Tony Clement, à qui on a confié le Conseil du trésor après qu’il eut profité du G8 pour effectuer des dépenses pour le moins discutables dans son comté. Ils ont tous en commun d’avoir provoqué malaise par-dessus malaise.

Tôt ou tard, le chef conservateur devra brasser les cartes de façon beaucoup plus importante afin de relancer son gouvernement. Il y a d’ailleurs certains joueurs intéressants et plus nuancés sur les banquettes gouvernementales.

C’est d’ailleurs le cas de l’ex-ambassadeur du Canada en Afghanistan, à qui l’ancien ministère de Bev Oda allait pourtant comme un gant.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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