La richesse dans la campagne
Déjà à mi-chemin de la campagne électorale. Les débats entre les chefs marqueront un nouveau tournant. Jusqu’à maintenant, un constat s’impose. Les milliards ont valsé. Le gouvernement a procédé à une multitude d’annonces pré-électorales, et les autres partis ont emboîté le pas dès le déclenchement des élections.
Ce serait donc un euphémisme de dire que les premiers jours de cette campagne ont porté, en plus de la corruption, sur le partage de la richesse. La bonification et la consolidation de programmes ont d’ailleurs occupé une place importante. Toutefois, pour partager la richesse, il faut pouvoir la créer. Si certaines propositions ont été faites à cet égard, un enjeu clé a pourtant été éludé : le déclin de la productivité. Comme le mentionne une étude des HEC, un pays qui améliore sa productivité au travail sur une longue période voit son niveau de vie s’améliorer de manière significative.
En disant que les jeunes Québécois cherchent la belle vie au détriment du travail, François Legault a ouvert la discussion. Au-delà des heures travaillées, qui ne sont pas les seules responsables de la productivité, on doit se demander comment le Québec peut améliorer son efficacité et générer plus de richesse. Ce défi transcende les générations. Dans les faits, il s’agit d’une responsabilité partagée.
On doit pouvoir discuter sereinement de la capacité du Québec à utiliser les ressources dont il dispose pour fabriquer des biens ou offrir des services et générer de la richesse. Les citoyens de toutes les générations, les entreprises et les gouvernements doivent se sentir interpellés. Les Québécois, qui aiment se donner comme repère les pays nordiques, peuvent s’en inspirer. Selon le document Productivité et prospérité au Québec – Bilan 2011 du Centre sur la prospérité et la productivité des HEC, le PIB par heure travaillée du Québec est de 49,90, celui des États-Unis, de 66,66, tandis que celui de la Norvège est de 92,06. Il est vrai que le travail n’est pas tout. Cela dit, pour garantir l’avenir de nos programmes sociaux, le Québec doit briser le tabou de son retard.
Il y a quelques mois, le ministre Raymond Bachand a traduit l’état d’esprit d’une partie des Québécois en disant : «La finalité, ce n’est pas d’équilibrer le budget. La finalité, c’est d’être heureux comme peuple.» Certes, mais si l’argent ne fait pas le bonheur, il est utile tant et aussi longtemps qu’il permet de se procurer des services et d’assurer le bien-être de la population. On ne peut tout simplement pas se permettre d’évacuer cet enjeu de la campagne.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.