De courtes victoires

La soirée du 4 septembre passera à l’histoire comme un moment doux-amer, rempli de courtes victoires. Chacun ressort de cette campagne électorale avec quelque chose, sans nécessairement avoir tout ce qu’il voulait.

Sur le plan démocratique, on doit bien évidemment se réjouir du taux de participation. L’intérêt des électeurs a fait grimper le famélique taux de 57,4 %, en 2008, à 74,61 %, le meilleur depuis 1998. Pour la démocratie, il s’agit d’une courte victoire puisque ce gain aura été assombri par le geste d’un tireur qui a pris la vie d’un homme. Cette tragédie blesse tout le Québec. Il serait encore plus triste qu’elle ait pour conséquence de réduire l’accessibilité aux élus et aux rassemblements populaires.

On ne pourra pas enlever à Pauline Marois de faire l’histoire. Elle a défoncé le plafond de verre politique en devenant la première femme première ministre du Québec. Il s’agit d’un gain appréciable pour une société qui prône l’égalité hommes-femmes. Celle qu’on invitait à se retirer il y a quelques mois forme maintenant un gouvernement. Toutefois, sa marge de manœuvre sera grandement limitée par sa faible majorité en chambre. Elle devra instaurer un climat de collaboration et de coopération s’il elle veut tenir certains de ses engagements.

La débâcle annoncée du Parti libéral du Québec ne se sera pas matérialisée. Cela permet à Jean Charest de quitter la vie politique la tête haute. Habile politicien, il a fait mentir toutes les prédictions. Avec un taux d’insatisfaction atteignant des sommets, il est parvenu à rétrécir l’écart pour atteindre une quasi-égalité du vote populaire. Son héritage politique est ainsi préservé. Il appartiendra maintenant à ses successeurs de poursuivre le travail.

Pour une première présence devant l’électorat, la Coalition avenir Québec s’est positionnée dans le peloton de tête sur le plan des suffrages, sans toutefois récolter le nombre de sièges escompté. Avec 27 % des appuis, elle ne représente que 15 % des élus en chambre. La défaite de plusieurs de ses candidats vedettes vient porter ombrage à une campagne pourtant réussie.

Contrairement à Option nationale, qui n’a pas réussi à faire élire son chef, Québec solidaire a une bonne raison de célébrer. L’arrivée de

Françoise David à l’Assemblée nationale est un moment important pour la formation politique.Il faut toutefois constater son incapacité à percer à l’extérieur de l’axe orange du métro de Montréal.

Le peuple a parlé et il a gagné. Les quatre partis politiques représentés à l’Assemblée nationale ont récolté ensemble 96 % des votes. Dans le contexte d’un gouvernement minoritaire, la population s’attend à ce qu’ils collaborent et adoptent un nouveau ton plus constructif à l’Assemblée nationale. S’ils y parviennent, ce sera une véritable victoire.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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