Quelques observations sur le gouvernement Marois

La nomination d’un conseil des ministres, c’est le moment pour un gouvernement d’indiquer la direction qu’il entend prendre. Tant les personnes choisies pour les différents postes que les structures et la nomenclature des ministères donnent une indication sur les intentions de Pauline Marois.

Le pouvoir des verts, comme l’a mentionné le nouveau ministre de l’Environnement, Daniel Breton, sera très présent dans le cabinet. Nommer une militante environnementale aux Ressources naturelles, cela envoie un message clair. Martine Ouellette devra pourtant tendre la main aux partis d’opposition pour modifier le régime minier. Ce sera un défi de taille, si on se fie aux différentes positions présentées en campagne électorale.

Sur le plan économique, le Conference Board prévoit que la performance de l’économie du Québec sera parmi les plus faibles de toutes les provinces canadiennes. Dans ce contexte, le ministre des Finances et de l’Économie, Nicolas Marceau, aura à coordonner plusieurs acteurs. Les fonctions autrefois concentrées au ministère du Développement économique, Innovation et Exportation se trouvent maintenant éparses dans différents portefeuilles. Ce défi s’additionnera à celui de balancer les finances publiques dans un contexte économique difficile. Beaucoup de boulot pour un
seul homme.

Il faut aussi noter le choix plutôt particulier de nommer une ministre déléguée à la Politique industrielle. Au-delà de la stricte définition du mot, la terminologie semble venir d’une autre époque. On aurait souhaité un terme plus évocateur, surtout au moment où le savoir, le numérique et les technologies de pointe sont les principaux leviers sur lesquels devrait reposer le développement.

Un autre choix risque de faire quelques vagues : celui d’avoir jumelé la gouvernance souverainiste aux Affaires intergouvernementales. Il ne sera pas simple pour Alexandre Cloutier d’ouvrir les portes du gouvernement fédéral avec une telle carte professionnelle.

Former un conseil des ministres, ce n’est pas une mince tâche. L’opération devient encore plus périlleuse dans un contexte de gouvernement minoritaire. Trouver le juste équilibre entre l’expérience, les compétences, la représentativité régionale et la représentation homme-femme demande finesse et doigté. Dans ce nouveau parlement, la capacité de réaliser la vision gouvernementale dépendra certes de l’équipe ministérielle, mais surtout du climat de collaboration qui régnera à l’Assemblée nationale.

En nommant Robert Dutil et Gérard Deltell au poste de leader parlementaire, les partis d’opposition avaient envoyé un certain signal d’ouverture. De son côté, Pauline Marois a choisi de maintenir en poste Stéphane Bédard, pourtant critiqué pour son ton très partisan. S’il faut donner la chance au coureur, le chemin qu’emprunte ce nouveau gouvernement semble parsemé de beaucoup d’embûches.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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