Le prix à payer pour la commission Charbonneau
Il y aura un avant et un après en ce qui touche la Commission Charbonneau. Comme il y a eu un avant et un après pour Gomery. Un événement qui devient un repère dans le temps a des répercussions importantes.
C’est donc dire que, si des effets à long terme sont prévisibles, on ne peut faire autrement qu’anticiper certains soubresauts à court terme. Les allégations et les perquisitions laissent des traces. On en a pour preuve la démission du procureur en chef, Me Sylvain Lussier.
Cela dit, le processus même de la commission n’est pas de condamner des coupables – il y a d’autres structures pour ça –, mais bien de mettre au jour un système et de faire des recommandations afin d’apporter les correctifs nécessaires pour limiter la corruption. Au risque de passer pour défaitiste, il me faut bien dire «limiter», car croire qu’on pourra complètement éliminer la corruption revient à dire que les solutions magiques existent. Il faut d’ailleurs se méfier des solutions rapides.
Fixer à 100 $ le maximum des contributions aux partis politiques ne réglera pas l’ensemble de l’affaire. Quand on s’attaque à un système bien établi, il faut prendre le temps d’identifier des solutions pour éviter que tout soit à refaire.
Pour paraphraser le commissaire Cliche, qui a mené une opération équivalente il y a près de 40 ans : il est bien de faire le ménage, mais la poussière trouvera d’autres chemins si on ne tient pas le plumeau à portée de main. On peut donc prévoir que l’aspect d’une certaine permanence figurera parmi les recommandations.
Déjà, on peut voir des changements notables depuis le début des scandales médiatiques, des enquêtes et de la commission, ne serait-ce que dans le prix des grands travaux. À en croire Lino Zambito, il faut maintenant se garder une petite gêne au cours de la rédaction des soumissions. Loin de dévoiler un grand secret, cette affirmation a déjà été confirmée en pratique. En juin dernier, la Ville de Québec a remarqué une baisse de coûts de 25 % dans ses travaux.
Mais justement, devons-nous croire tout ce que Lino Zambito dit? L’avenir nous le dira. Son témoignage a été solide, et les contre-interrogatoires n’ont pas permis de trouver de failles majeures. Tout ce qu’il a affirmé affecte grandement la confiance que nous avons envers plusieurs personnes.
Cette nouvelle perte d’une confiance déjà faible, ainsi que les démissions qui en découlent, constituent le prix à payer pour faire le ménage. C’est le passage obligé pour que les citoyens puissent éventuellement la retrouver.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pasnécessairement celles de Métro.