Les maîtres de la fraude fiscale

La fraude fiscale est souvent perçue comme la seule fuite à l’étranger des compagnies nationales ou des compatriotes pour mettre à l’abri du fisc leurs fortunes ou leurs revenus. Faux! Des multinationales font des profits chez nous et délocalisent leurs profits sans rien verser au fisc.

Avec la crise, les gouvernements européens tentent d’organiser la riposte. La chasse à la fraude fiscale se tourne de plus en plus vers de grands groupes comme Google, Starbucks, Amazon, Apple, Microsoft, Facebook et j’en passe. Les médias européens se font l’écho, ces jours-ci, des citoyens britanniques qui découvrent avec stupéfaction que certaines de ces multinationales ne paient quasiment aucun impôt.

Trois grands patrons ont comparu à la Chambre des communes pour subir un interrogatoire en règle du Comité britannique des comptes publics, pour des soupçons de fraude fiscale : Matt Brittin, PDG de Google au Royaume-Uni, Andrew Cecil, directeur des affaires publiques d’Amazon, et Troy Alstead, directeur des opérations financières de Starbucks.

Et le public en apprend des vertes et des pas mûres. Là-bas, en 2011, Google a dégagé un chiffre d’affaires de 3,9 G$ et n’a payé que 9 M$ d’impôt. Le géant de l’internet a choisi d’être localisé en Irlande, un emplacement avantageux, en particulier pour sa fiscalité compétitive. Le groupe Europe d’Amazon a réalisé un chiffre d’affaires de  4,6 G$ sans verser un seul cent d’impôt sur les bénéfices. Quant à Starbucks, le groupe a dégagé un chiffre d’affaires de 617 M€ avec zéro d’impôt sur les bénéfices.

Un des stratagèmes tirés au clair est le suivant : Starbucks achète son café au Costa Rica. Cette matière première n’est pas acheminée directement. Elle passe par une filiale en Suisse, qui la revend 20 % plus cher au Royaume-Uni. Avec ce gonflement artificiel du prix du café et la localisation d’une partie des revenus aux Pays-Bas, les bénéfices de la société fondent comme neige au soleil.

Sans profits au Royaume-Uni, ces groupes payent peu ou pas d’impôt. Avec la crise, le public enrage. Les médias ont révélé qu’une association contre l’austérité avait décidé de lancer une campagne de boycottage contre la multinationale Starbucks, qui compte 750 boutiques dans le pays.

En gros, quand vous manifestez dans la rue avec votre casserole, vous annulez votre action si vous commentez votre acte civique en envoyant un minimessage sur votre iPhone. Quand vous vous rendez dans un Starbucks pour travailler sur votre iPad, vous annulez une semaine de manifestation, et quand vous effectuez vos achats sur Amazon, dans un Starbucks, avec votre iPhone, votre iPad ou votre MacBook, c’est tout le printemps érable que vous effacez de notre histoire, instantanément!

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Pour la rédaction de cette chronique, je me suis basé sur les reportages de The Guardian, de France 2 et de la BBC.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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