Retour à la case départ
Enfin, le gouvernement Harper a décidé d’entendre raison. On dit qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. Les conservateurs auront pourtant repoussé l’obstination à l’extrême limite. Le dossier des avions de chasse F-35 passera à l’histoire comme modèle d’entêtement politique.
Depuis plusieurs années, les signaux sont clairs. Tellement de drapeaux ont été levés qu’on se demande pourquoi ce n’est que cette semaine qu’on a décidé de remettre en question le processus de remplacement des CF-18.
Ce dossier n’est pas simple. L’aventure a débuté en 1997, quand le Canada a joint les États-Unis, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l’Italie, la Turquie, le Danemark, la Norvège et l’Australie pour concevoir une nouvelle génération d’avions de chasse. En juin 2010, le gouvernement Harper confirmait sa volonté d’acquérir 65 avions au coût de 9 G$. La guerre de chiffres n’a pas cessé depuis.
En 2011, le Government Accountability Office (GOA), l’équivalent du Bureau du vérificateur général du Canada aux États-Unis,
a affirmé que le coût des F-35 avait augmenté d’au moins 33 %. Kevin Page, le directeur du budget, parlait d’une facture globale de plus de 29 G$. L’opposition a bombardé le gouvernement de questions en quête d’une réponse claire, mais en vain.
En campagne électorale, Stephen Harper a minimisé les évaluations à la hausse et a garanti que le budget allait être respecté, et ce, malgré les affirmations du ministère de la Défense. Son ministre, Peter McKay, a défendu le choix du gouvernement bec et ongles, laissant même entendre que l’opposition fabulait.
Le rapport accablant du Vérificateur général en avril dernier a enclenché le retour au bon sens. Le gouvernement présente maintenant un plan en sept points qui tient la route. Il présente tous les éléments qui auraient été nécessaires dès la mise en place du processus de remplacement des CF-18. Est-ce que cela sera suffisant pour faire oublier toutes les entourloupettes?
La ministre Rona Ambrose a déclaré qu’il était temps d’appuyer sur le bouton Reset pour repartir à zéro. Si seulement c’était aussi simple que de repartir un ordinateur. En théorie, le gouvernement pourrait se dégager de cet achat sans pénalité. Par contre, les centaines de millions investis dans la conception du F-35 seraient perdus. Venant d’un parti qui se prétend le champion de la bonne gestion, un tel gaspillage ne s’effacera pas.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.