Le carburant d’avion de l’aéroport passera à quelques mètres d’une école de Montréal-Nord

Plusieurs avertissements de sécurité indiquent la présence de conduits du pipeline Trans-Nord au long de l’école primaire Adélard-Desrosiers. Photo: Olivier Faucher - Métro média

Un projet d’approvisionnement en carburant d’avion pour l’aéroport de Montréal, récemment approuvé par le gouvernement du Québec, utilisera un pipeline en bonne partie âgé de plus de 60 ans, et passant à quelques mètres de l’école primaire Adélard-Desrosiers. Des groupes environnementaux y dénoncent des risques pour la sécurité et l’environnement.

Le 3 juillet dernier, un décret gouvernemental autorisant le projet de terminal maritime de carburant proposé par la Corporation internationale d’avitaillement de Montréal (CIAM) a été publié dans la Gazette officielle du Québec.
Ce terminal, qui sera construit au bord du fleuve Saint-Laurent à Montréal-Est, stockera 164 millions de litres de kérosène dans huit réservoirs. Il servira notamment à approvisionner l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal en carburant.

Pour ce faire, la CIAM a conclu une entente avec le pipeline Trans-Nord, construit en bonne partie en 1952, afin de connecter directement le terminal et l’aéroport de Montréal. La CIAM soutient que ce nouveau mode d’approvisionnement permettra de réduire des émissions de GES, puisque ce sont des camions qui sont actuellement utilisés pour transporter ce carburant à l’aéroport.

Carte illustrant le pipeline Trans-Nord dans la région de Montréal. (Crédit: Pipeline Trans-Nord Inc.)

Un pipeline à risque?
Or, le pipeline Trans-Nord, qui passe notamment sous Montréal-Nord et dont les conduits entourent presque l’école primaire Adélard-Desrosiers, a été le théâtre de plusieurs incidents ces dernières années. En plus d’avoir enregistré des pressions plus élevées que les normes requises en 2009 et 2013, le pipeline s’est déversé à deux reprises en 2010. L’entreprise Pipeline Trans-Nord Inc. est responsable de 23 des 31 incidents de pipelines répertoriés par l’Office national de l’énergie depuis 2008, et il existe pourtant six entreprises de pipelines règlementées au Québec.

Dans un mémoire présenté au BAPE en 2018, l’organisme Équiterre a dénoncé l’utilisation de ce pipeline ayant « une feuille de route peu reluisante » et a recommandé que le transport de produits pétroliers via ce pipeline ne devrait pas être permis avant l’implantation d’une nouvelle réglementation pour « attester la sécurité » de cette infrastructure.

L’organisme a aussi soulevé que « l’augmentation de l’offre en produits pétroliers est incompatible avec l’engagement du Québec de réduire ses émissions de gaz à effet de serre […] et celui du Canada de limiter le réchauffement climatique ».

Le Comité de vigilance environnementale de l’est de Montréal (CVEEM) a également manifesté son opposition au projet. « Lors de l’audition, j’ai demandé à la CIAM s’ils étaient gênés de se brancher à un pipeline aussi vieux et avec des problèmes, mais ils s’en lavent les mains, puisque ce n’est pas leur entreprise, rapporte Vincent Marchione, président du CVEEM. Ils ne font preuve d’aucune responsabilité. »

En 2016, deux commissaires de l’Office national de l’énergie (ONE) avaient recommandé la fermeture du pipeline, puisque Trans-Nord n’avait toujours pas effectué des travaux qu’avait exigés l’ONE pour garantir la sécurité de l’infrastructure.

Des acteurs peu inquiets
Lorsqu’elle fût appelée à commenter l’état du pipeline, la CIAM a indiqué qu’elle n’était pas responsable des installations de Trans-Nord et a invité le Guide à poser ses questions à Trans-Nord directement.

En réponse à une demande d’entrevue du Guide, l’entreprise Pipeline Trans-Nord Inc. (PTNI) a mentionné par courriel qu’elle « ne prévoit que des changements minimes aux opérations en cours » en affirmant que « le raccordement proposé du terminal de ravitaillement en carburant de l’aéroport de Montréal-Est au pipeline PTNI n’entraînera pas une augmentation du volume actuel de produit transport, sauf en cas d’augmentation de la demande de la part de l’Aéroport international Montréal-Trudeau ».

Pourtant, la CIAM affirme qu’une des raisons d’être du projet est de « répondre à la demande grandissante des compagnies aériennes pour le transport des passagers ».

« Le projet dans sa forme actuelle répond à l’ensemble des exigences du BAPE et du MELCC. Bien entendu, nous resterons vigilants tout au long des travaux », a déclaré pour sa part l’attaché de presse du ministre de l’Environnement et de la lutte aux Changements Climatiques, Louis-Julien Dufresne.

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