Un nouveau plan d’action pour «relancer» la rue Saint-Denis
«Le statu quo étant insoutenable» sur la rue Saint-Denis, selon la mairie du Plateau-Mont-Royal, l’artère subira dans les années à venir une métamorphose importante par le biais d’un nouveau plan d’action.
L’arrondissement a lancé lundi ce document qui vise à «redynamiser» la célèbre rue. Saint-Denis fait face à des «défis nombreux», a constaté le responsable du développement économique et commercial à la Ville de Montréal, Robert Beaudry.
En janvier, le taux de locaux vacants dans le secteur s’élevait à 23%, selon la Société de développement commercial Rue Saint-Denis.
«Un des problèmes de Saint-Denis, ça a toujours été les locaux vacants. Ça a atteint son pinacle après les travaux, en 2017», a constaté la conseillère d’arrondissement du Mile-End, Marie Plourde.
«Saint-Denis, on le sait, c’est une rue qui a tellement de potentiel, mais qui vit des défis majeurs. Le nombre de voies de circulation, la pollution sonore, les travaux…» – Valérie Plante, mairesse de Montréal
Douzes mesures
Pour «recréer un engouement» envers la rue, l’arrondissement et la Ville ont douze mesures individuelles en tête.
Montréal et le Plateau veulent d’abord procéder à des révisions de zonage, pour «encourager l’arrivée de nouveaux travailleurs et de nouveaux résidents». Les trottoirs seront élargis et des arbres plantés sur les rues Des pins, Cherrier, Rigaud et De Malines, des artères transversales à Saint-Denis.
La mise en place de feux de circulation «à mi-îlot» sera également étudiée. La mesure vise à faciliter la traverse de piétons sur cette rue très passante. «Ça va se faire pour améliorer l’expérience du piéton», a avancé Mme Plourde.
L’installation du Réseau express vélo (REV) constitue également un facteur important de la «relance» de Saint-Denis, avancent les élus présents.
«Pendant dix ans, Projet Montréal n’a rien fait pour Saint-Denis. Maintenant, tout d’un coup, ils se préoccupent de cela», a plaidé le chef de l’opposition à la Ville, Lionel Perez.
Une consultation plus large
En réponse à la prolifération de locaux commerciaux vacants sur plusieurs artères de la métropole, la Ville de Montréal lance également des consultations publiques par le biais de sa Commission sur le développement économique et urbain ainsi que l’habitation.
«Une attention particulière» doit être donnée à la rue Saint-Denis.
Malgré une conjoncture économique jugée favorable, de nombreuses artères commerciales de la ville présentent des taux de vacances qui se situent entre 10% et 15%.
«Les enjeux concernant les locaux vacants touchent de nombreuses métropoles, et Montréal n’y échappe pas. Sur plusieurs artères commerciales, le taux de vacance demeure élevé», a fait savoir la mairesse Plante en conférence de presse.
«Le commerce de détail vit de profonds changement, ne serait-ce que quand il est question de commerce électronique ou de changements de comportement des consommateurs et consommatrices», a-t-elle ajouté.
De septembre à novembre prochain, la consultation de la Commission du développement économique sur les locaux vacants posera un diagnostic de la situation actuelle. Elle analysera au passage les meilleures pratiques pour répondre à l’enjeu des locaux vacants.
Les consultations publiques débuteront en janvier.
«Bien qu’on ait une compréhension de ce qui peut affecter une artère commerciale, ce qu’on souhaite faire, c’est aller chercher des données. Toutes les rues commerciales ne se ressemblent pas» – Valérie Plante
Robert Beaudry avait déjà confirmé à la fin du mois de juillet que ces consultations seraient lancées.
Des pistes de solution
La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), présente lundi, croit qu’il faut «laisser toutes les chances au processus».
«C’est certain qu’à la FCEI, on va arriver avec quelques bonnes suggestions, a avancé le directeur principal de la recherche nationale à la FCEI, Simon Gaudreault. Les taxes peuvent se répercuter dans les loyers et faire fuir les commerces indépendants. La mairesse a aussi mentionné les chantiers qui ont pu décourager certains.»
«Il y a un aspect de réglementation. Est-ce qu’on a vraiment une règlementation assez souple pour que les commerces indépendants puissent vraiment avoir le goût d’embarquer?» – Simon Gaudreault, directeur principal de la recherche nationale à la FCEI
S’inspirer de New York?
Pour venir en aide aux commerces, l’administration se dit ouverte à calquer le modèle de certaines grandes cités.
«On pense à certaines villes qui ont décidé de limiter l’implantation de grandes franchises sur les artères commerciales, a proposé la mairesse. Ou encore faire comme New York et mettre en place un registre du statut des locaux commerciaux. C’est une façon de collecter de l’information.»
La mairesse a toutefois maintenu que les consultations doivent venir d’abord. «Chaque ville a son cadre législatif, sa réalité. Je ne suis pas en train de dire qu’on ne veut pas que de grandes bannières viennent s’installer», a-t-elle repris.
– avec Zacharie Goudreault et La Presse canadienne