Le coupable: l’inconscience volontaire

Le coupable prend l'affiche aujourd'hui
Le coupable prend l'affiche aujourd'hui Photo: K-films Amérique

D’où vient le mal qui ronge nos vies quotidiennes? C’est à cette délicate question que tente de répondre le cinéaste Onur Karaman dans son troisième long métrage Le coupable.

«Il y a d’horribles choses qui se passent dans le monde pendant que nous sommes en train de prendre un café, rappelle le cinéaste québécois d’origine turque au début de notre entretien. Est-ce que ça fait en sorte qu’on est complice?»

L’interrogation s’avère épineuse et elle demeure constante au sein de son œuvre, qui propose de voir les choses comme elles sont. Le film débute par une citation de Blaise Pascal sur le roseau passant, la conscience qu’a l’homme d’être misérable. Un exposé théorique qui ne tarde pas à rejoindre le côté pratique de l’existence, alors qu’une adolescente (Camille Massicotte, dans son premier rôle au cinéma) fraye avec des mauvaises personnes.

«Il est question de trafic sexuel et c’est nécessaire d’en parler, expose Sylvio Arriola (All You Can Eat Bouddha), qui incarne un professeur de philosophie tentant de secouer ses élèves blasés. Cette vulnérabilité des filles qui sont prises dans une société aliénante. Je trouve ça encore plus d’actualité après le mouvement #MeToo, Jeffrey Epstein, toute la pourriture qui ressort maintenant.»

Se développant comme un film choral sur fond de culpabilité et de solitude où des liens invisibles dialoguent entre les histoires parallèles, le récit dense ne lésine pas sur les ellipses.

«Historiquement, la jeunesse est toujours perdue. L’important est de se retrouver quand on est grand. Le problème est qu’il y a beaucoup d’adultes perdus qui n’ont jamais grandi. Il y a un manque de sagesse dans le monde.»

–Onur Karaman, réalisateur

Après son plus poli Là où Atilla passe, le metteur en scène revient au côté punk de son premier long métrage La ferme des humains, embrassant un réalisme brutal tout en s’offrant des fuites poétiques. Ces dernières s’expriment notamment en brisant le quatrième mur, en jouant avec les fondations mêmes de son art.

«Il y avait beaucoup de liberté dans ce projet, se rappelle celui qui est également scénariste, producteur et monteur. On n’avait pas beaucoup d’investisseurs ou de monde à qui plaire. Donc, je pouvais essayer des affaires un peu hors du commun…»

À mi-chemin entre l’allégorie et la tragédie grecque, Le coupable traite ainsi de la notion de bien et de mal en demandant aux spectateurs de jouer une part active.

«C’est un film qui se dépose en toi, note Isabelle Guérard (Piché: Entre ciel et terre), qui interprète une mère peu à peu dépassée par les événements. Il fait ressurgir une réflexion sur notre vie, sur ce qui nous entoure comme société. Quand tu sors de la salle, comment tu te positionnes par rapport à ces thèmes-là? Quelles sont tes actions concrètes?»

«Il y a une noirceur dans le film. Mais j’espère que cette réflexion sur la noirceur appelle et attire la lumière.»

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