Drôle de Saint-Valentin
L’amour ne sera pas le thème principal des échanges à l’Assemble nationale. Si la date de la rentrée parlementaire coïncide avec la Saint-Valentin, rien ne laisse présager que des mots d’amour fuseront dans le Salon bleu. On a plutôt le sentiment que les partis se positionnent au fil de départ. On ne sait pas à quel moment se tiendront les prochaines élections. Mais chose certaine, les partis huilent leur machine pour être fin prêts le moment venu. Cette semaine aura été l’occasion de faire connaître ses couleurs. À quelques jours du début de la session, on peut entrevoir de quoi seront faits les débats.
Pauline Marois, profitant d’une accalmie au PQ, a réalisé sa première promesse, et pas la moindre. Un gouvernement du Parti québécois abolirait la taxe santé. Cette mesure contestée du dernier budget Bachand avait pour but de financer les hausses budgétaires dans le réseau de la santé. Il est vrai que cette taxe a le pire défaut, soit de s’appliquer également, peu importe le revenu. Toutefois le défi de la croissance des dépenses en santé sera encore bien réel. C’est en taxant les plus riches que l’équipe de Pauline Marois compte équilibrer les comptes.
La cotisation avait le défaut de ne pas être progressive, mais une taxe particulière assurait que les sommes soient dévolues directement à la santé. Une promesse qui en réjouira plus d’un, mais qui risque, au niveau de l’application, d’avoir ses limites. Déplacer le fardeau sur les 145 000 contribuables ne résoudra pas les problèmes du financement dans le secteur de la santé. Au-delà du discours, l’équipe péquiste devra en dire davantage sur le sujet.
De son côté, la Coalition avenir Québec a profité de cette semaine pré-sessionnelle pour approfondir ses idées phare. Un gouvernement de la CAQ ouvrirait les conventions collectives des professeurs et des médecins. Personne ne pourra accuser François Legault de cacher son jeu. De l’audace ou de l’inconscience? Les propos de François Legault n’auront pas tardé à faire réagir. Si les médecins ont été nuancés, le président de la CSQ n’a pas mâché ses mots. Bien campée dans le changement, la CAQ aura le défi de faire valoir le bien-fondé de ses réformes en profondeur.
Pendant ce temps, Jean Charest continue de marteler les bienfaits du Plan Nord. Le ministre délégué aux Ressources naturelles, Serge Simard, a cependant jeté une douche d’eau froide sur ceux que le projet peut enthousiasmer. Pour lui, impossible de demander davantage aux investisseurs. Forcer la transformation du minerai ici serait néfaste pour le Québec. Pourtant, ce grand chantier du nord devrait stimuler l’innovation au sud. Ce serait une occasion de développer de nouveaux créneaux et de puiser dans la créativité des Québécois pour ajouter de la valeur à ce minerai qui sera extrait de notre sol. D’autres pays l’ont fait sans effayer les investissements, preuve que cela est possible.
Si bien des cœurs sont à conquérir en cette période pré-électorale, les défis des élus sont grands. Chacun devra consolider son posi-tionnement, mais surtout le faire résonner avec les préoccupations quotidiennes des Québécois.
– Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.