Le bon sujet, la mauvaise approche

Steven Harper croyait pouvoir faire la leçon au sommet économique de Davos. On peut comprendre. La situation économique du Canada fait l’envie de bien des pays de la zone euro. Remettre en question l’âge de la retraite devant un parterre qui doit jongler avec des baisses de cote de crédit et des taux de chômage alarmants n’a rien de très révolutionnaire. C’était sous-estimer l’impact de ses propos une fois de retour à la maison.

Il faut applaudir le fait qu’un politicien ose soulever des questions qui peuvent être difficiles, même être impopulaires. Il faut aussi applaudir lorsqu’un dirigeant politique fait preuve d’une vision à plus long terme, particulièrement lorsqu’il s’agit d’équité intergénérationnelle.

Toutefois, s’en prendre à la pension de la sécurité de la vieillesse sans avoir défini clairement les changements à y apporter est probablement la mauvaise chose à faire. Il s’agit de la base. Tous s’entendent pour dire qu’il faut protéger les aînés ayant de faibles revenus aujourd’hui et demain.

Le débat sur l’impact du vieillissement de la population sur les régimes de retraite est bien mal engagé. Depuis quelques jours, on crie au loup. Plutôt que de recentrer le débat sur des solutions, l’opposition joue la carte de la peur.

Les provinces s’inquiètent.

Or, de façon responsable, il faut impérativement se pencher sur la situation globale de la retraite. On ne peut en faire l’économie sous prétexte que le débat est en train de déraper. Les fonds de pension à prestation déterminée sont en voie de disparition. Le niveau d’épargne est insuffisant. On vit plus longtemps en santé. Voilà des données concrètes.

Stephen Harper doit cesser de garder ses idées pour lui. Il a la responsabilité d’ouvrir le débat en ayant le courage de poser le problè-me, tout en identifiant les options qui s’offrent à nous. Contrairement aux pratiques auxquelles il nous a habitués, il doit mobiliser les différents acteurs – les provinces, les syndicats, le patronat – pour bâtir des rapports de solidarité entre les différents acteurs de la société et, surtout, entre les générations.

Ce n’est pas d’hier qu’on en parle. Plusieurs leaders politiques s’y sont cassé les dents et ont reculé. Il faut que cette fois soit la bonne.

– Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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