La «nouvelle arme secrète» de Trump intrigue les experts

WASHINGTON — L’arsenal d’allégations spectaculaires, mais difficiles à prouver, du président Donald Trump concernant la puissance de l’armée américaine ne cesse de prendre de l’ampleur.

Il y a tout d’abord eu les avions invisibles. Puis, un missile «super duper».

Et maintenant, une arme nucléaire secrète.

«J’ai construit une arme nucléaire, un système d’armes que personne n’a jamais eu dans ce pays», a-t-il dit lors d’une entrevue accordée au journaliste Bob Woodward dans le cadre d’un livre publié cette semaine.

«Nous avons des trucs que vous n’avez jamais vus ou dont vous n’avez jamais entendu parler. Nous avons des trucs que Poutine et Xi ne connaissent pas, a-t-il ajouté en référence aux présidents Vladimir Poutine de la Russie et Xi Jinping de la Chine. Ce que nous avons est incroyable.»

Des experts en armements se demandent de quoi il parle. Certains croient qu’il s’agit d’une ogive nucléaire qui a été modifiée pour réduire sa puissance explosive. Cette ogive, la W76-2, est inconnue du public non pas parce qu’elle est secrète, mais parce qu’il s’agit d’une arme très obscure.

Quand un journaliste lui a demandé de clarifier ses commentaires jeudi, le président Trump a refusé.

«Il y a des systèmes que personne ne connaît, même pas vous, et nous avons des systèmes que personne ne connaît. Et franchement, je pense que c’est mieux comme ça», a-t-il dit.

James Acton, un expert des armes nucléaires au Carnegie Endowment for International Peace, a dit en entrevue vendredi que M. Trump parlait possiblement de l’ogive W76-2. Si l’existence de cette ogive n’était pas un secret, son utilisation était jusqu’à tout récemment restée incertaine. L’ogive se trouve à la tête des missiles Trident II D-5 à bord de certains sous-marins de la marine américaine.

Le déploiement de l’ogive et les commentaires de M. Trump «arrivent essentiellement en même temps», a dit M. Acton.

L’entrevue avec M. Woodward a eu lieu le 5 décembre et le déploiement de la W76-2 a été annoncé publiquement le 4 février. Il ne s’agit pas d’une arme révolutionnaire, ce n’est pas non plus la seule ogive de faible puissance dans l’arsenal américain, mais c’est le premier ajout important à la force stratégique nucléaire américaine depuis des décennies. Cela représente aussi un départ de la politique de l’administration Obama, qui voulait réduire la dépendance des États-Unis envers les armes nucléaires.

Le candidat présidentiel démocrate Joe Biden a déjà dit que la W76-2 est excessive. Il a laissé entendre qu’il pourrait l’envoyer au rancart s’il gagne en novembre.

M. Acton croit également que M. Trump évoquait possiblement, de façon embrouillée, d’autres armes.

«C’est clair que le président aime vanter nos capacités militaires, mais il ne saisit pas toujours très bien les détails», a-t-il dit.

On ne peut écarter la possibilité que les États-Unis soient à développer une nouvelle arme nucléaire dans le plus grand secret. Cela paraît toutefois peu probable, pour deux raisons: le coût serait tellement élevé et le nombre d’employés requis tellement grand que le secret serait rapidement éventé.

Ou peut-être que M. Trump évoquait une arme traditionnelle, même s’il a utilisé le mot «nucléaire».

Le président y est déjà allé d’affirmations spectaculaires concernant les armes américaines, dépassant parfois la réalité ou exagérant leur importance. Il a ainsi prétendu que l’avion de chasse furtif F-35 est essentiellement invisible.

«Vous ne pouvez pas le voir, a dit M. Trump en octobre 2017. Vous ne pouvez littéralement pas le voir. C’est difficile de combattre un avion que vous ne pouvez pas voir.»

Puis, le mois dernier, il en a rajouté au sujet du F-35: «Furtif. Totalement furtif. On ne peut pas le voir.»

Des avions furtifs comme le F-35, le bombardier B-2 et le chasseur F-22 sont conçus pour être plus difficilement détectables par les radars que les avions traditionnels. Mais ils ne sont pas invisibles, et l’armée ne prétend pas qu’ils le sont.

M. Trump mentionne occasionnellement son intérêt pour les armes hypersoniques, parfois sans utiliser le terme. Les capacités supposées de ces armes sont essentiellement secrètes. Mais en février, M. Trump a dit: «Nous avons des missiles super rapides – un nombre élevé de super rapides. Nous les appelons les ‘super rapides’, ils sont quatre, cinq, six ou même sept fois plus rapides qu’un missile ordinaire. Nous en avons besoin parce que la Russie en a.»

Puis, en mai: «Nous n’avons pas le choix, il faut le faire, avec les adversaires que nous avons», a-t-il dit en mentionnant la Chine et la Russie. Il a ajouté: «Je l’appelle le missile ‘super duper’». Il a dit avoir «entendu» que ce missile voyage 17 fois plus rapidement que n’importe quel autre missile américain.

Une arme hypersonique voyagerait à plus de cinq fois la vitesse du son. La plupart des missiles américains, comme ceux lancés par des avions contre des cibles aériennes ou terrestres, filent à entre Mach 1 et Mach 5.

Le missile balistique intercontinental Minuteman 3, qui est en service depuis des décennies, peut atteindre une vitesse hypersonique.

Robert Burns, The Associated Press

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