Le changement climatique, grand absent de la campagne aux États-Unis

President Donald Trump walks away from the media to board Air Force One for a trip to a campaign rally in Freeland, Mich., Thursday, Sept. 10, 2020, in Andrews Air Force Base, Md. (AP Photo/Evan Vucci) Photo:

WASHINGTON — Des incendies sans précédent font rage dans l’ouest des États-Unis avant même les pointes de la saison habituelle des feux de forêt, à l’automne. L’ouragan Laura a dévasté des parties de la côte du golfe du Mexique le mois dernier, tandis que des pans entiers de l’Iowa se remettent d’une ligne d’orages qui a fait souffler des vents puissants comme des ouragans dans le Midwest.

Cette série de catastrophes naturelles et environnementales, qui a laissé des millions d’Américains sous le choc, n’a pas eu beaucoup d’impact sur la campagne présidentielle, en partie à cause des vulnérabilités qu’elle met en évidence pour le président Donald Trump et son adversaire démocrate, Joe Biden.

Le président fait déjà face à de multiples défis, notamment la pandémie de COVID-19, le chômage et les troubles sociaux; il peut difficilement se permettre un autre front. Quand il parle de la Californie, où les incendies ont tué au moins une douzaine de personnes et menacé des milliers de maisons, c’est surtout pour démolir les dirigeants démocrates de l’État.

Du côté démocrate, la propagation des incendies rappelle à la base progressiste du parti que Joe Biden n’adhère pas à certains des éléments les plus audacieux du «Green New Deal», le grand plan de lutte contre le changement climatique aux États-Unis.

«L’équipe de campagne de Biden sait très bien qu’une adhésion complète à ce programme musclé pourrait créer des problèmes dans le Midwest», explique Dan Schnur, qui a été conseiller de l’ex-gouverneur de Californie Pete Wilson et de l’ancien sénateur de l’Arizona John McCain — deux républicains. «Trump n’a montré aucun désir de parler de la Californie, à part pour frapper dessus afin de faire valoir ses arguments auprès de sa base conservatrice.»

Une «menace existentielle»

Pourtant, les écologistes estiment que les catastrophes actuelles militent pour que Washington soutienne le «Green New Deal», un plan ambitieux — et probablement très coûteux — qui vise à sevrer les États-Unis des combustibles fossiles et à réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre.

«Les démocrates commettent une erreur politique en n’établissant pas un lien entre ce qui se passe sur la côte Ouest et l’échec de Trump sur le changement climatique», croit Rebecca Katz, une stratège politique pour des candidats démocrates au Congrès qui soutiennent le plan environnemental.

La réponse de la campagne Biden aux incendies est particulièrement importante puisque sa colistière, Kamala Harris, représente la Californie au Sénat. M. Biden a écrit sur Twitter que le changement climatique «est déjà là — et nous assistons chaque jour à ses effets dévastateurs».

«Nous devons sortir le président Trump de la Maison-Blanche et traiter cette crise comme la menace existentielle qu’elle représente», a-t-il écrit.

Bien que M. Biden n’ait pas adopté en totalité le «Green New Deal», il a promis de faire de la création de nouveaux «emplois verts» et de la réduction draconienne des émissions de carbone une partie d’un plan de reprise plus large conçu pour relancer l’économie après la pandémie. Ses principaux conseillers notent que bon nombre de ses propositions feront avancer le pays vers le «Green New Deal», mais certains militants craignent que ce ne soit pas assez.

Trump et la Californie

M. Trump s’est entretenu jeudi avec le gouverneur (démocrate) de la Californie, Gavin Newsom, «pour offrir ses condoléances pour les pertes en vies humaines et réitérer le soutien total de l’administration pour aider ceux qui sont en première ligne des incendies», selon le porte-parole de la Maison-Blanche, Judd Deere.

Mais le président a toujours critiqué la réponse de la Californie aux incendies de forêt et menacé de bloquer l’aide fédérale. En 2019, il avait imputé les incendies à une mauvaise gestion des forêts par l’État, même si les spécialistes s’entendent pour attribuer surtout ces catastrophes au changement climatique.

Le président Trump s’est déplacé dans l’Iowa le mois dernier pour y rencontrer des responsables à propos de la ligne d’orages dévastatrice (le «derecho») et il est venu constater les dommages à la frontière entre la Louisiane et le Texas après le passage de l’ouragan Laura.

Le président s’était rendu en Californie en novembre 2018 après que la ville de Paradise a été ravagée par l’incendie de forêt le plus meurtrier de l’histoire de l’État. Mais M. Trump n’envisage actuellement pas de visiter les zones de la côte ouest touchées par les incendies, selon un haut responsable de l’administration qui s’est exprimé sous le couvert de l’anonymat. Ce responsable a expliqué qu’il ne serait pas sage que le président se rende maintenant sur place car cela détournerait des ressources clés de premiers intervenants.

Aamer Madhani, Kathleen Ronayne et Will Weissert, The Associated Press


Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.