Peinant à attaquer Biden, Trump cible Harris

Supporters of President Donald Trump cheer as he arrives for a campaign rally at MBS International Airport, Thursday, Sept. 10, 2020, in Freeland, Mich. (AP Photo/Evan Vucci) Photo:
Kathleen Ronayne et Jonathan Lemire - The Associated Press

SACRAMENTO, Calif. — Donald Trump n’a accordé pratiquement aucune attention en 2016 au candidat vice-présidentiel Tim Kaine. Mais quatre ans plus tard, le président en a long à dire au sujet de Kamala Harris.

M. Trump a dit cette semaine que «personne n’aime» Mme Harris, alimentant un stéréotype d’«amabilité» qu’on applique davantage aux femmes de pouvoir qu’aux hommes. Il a déclaré, lors d’un événement en Caroline du Nord, que ce serait «insultant pour notre pays» que Mme Harris en devienne la première présidente.

De plus, M. Trump et ses alliés prononcent fréquemment incorrectement son prénom, ce qui fait dire aux partisans de Mme Harris qu’ils tentent d’insinuer que la fille d’immigrants n’a rien à faire dans les plus hauts échelons de la politique du pays.

M. Trump cible Mme Harris parce qu’il peine à se doter d’une stratégie consistante et cohérente pour attaquer le candidat présidentiel Joe Biden, dont la réputation est celle d’un adepte des compromis plutôt que celle d’un idéologue progressiste.

Le racisme et le sexisme qui sous-tendent les attaques de M. Trump contre la première Noire et la première personne de descendance asiatique à se trouver sur le ticket d’un grand parti s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie agressive pour séduire les électeurs blancs des banlieues.

Pour sa part, Mme Harris dénonce férocement M. Trump, mais ses attaques se limitent essentiellement à sa performance en tant que président. Lors d’un événement à Miami jeudi, elle a dit que le président a été «insouciant» de minimiser le bilan potentiel du coronavirus, pendant qu’en privé il admettait que c’était «quelque chose de mortel».

Le directeur des communications de la campagne Trump, Tim Murtaugh, assure que M. Biden demeurera sa cible principale, tout en laissant entendre que Mme Harris compte parmi les forces radicales qui influencent le candidat démocrate.

«Kamala Harris et ses votes antérieurs renforcent l’argument contre Joe Biden», a dit M. Murtaugh.

Cette stratégie pourrait être périlleuse pour M. Trump. Les électeurs noirs se rangent déjà très majoritairement derrière M. Biden et les attaques soutenues contre Mme Harris pourraient les pousser à aller voter en novembre, ce qui pourrait avoir un impact sur l’issue du scrutin dans des États comme la Caroline du Nord, la Floride, la Pennsylvanie et le Michigan.

Une porte-parole de Mme Harris n’a pas voulu commenter les plus récentes attaques de M. Trump.

Il est inhabituel pour le président sortant d’accorder autant d’attention au colistier de son adversaire. De plus, les tentatives de présenter Mme Harris comme une libérale radicale ne correspondent pas à la réalité.

La gauche progressiste n’a jamais ouvert les bras à Mme Harris, qui est l’ancienne procureure générale de la Californie. Quand elle a rejoint le ticket démocrate en août, les républicains l’ont décrite comme une procureure zélée qui voulait camoufler ses antécédents de lutte au crime, mais aussi comme quelqu’un de peu intéressé à combattre la criminalité.

Tout comme M. Biden, Mme Harris a adopté des positions relativement modérées dans des dossiers comme les soins de santé et la loi et l’ordre.

Dépourvu d’un message clair, M. Trump se rabat sur des attaques sexistes et racistes habituelles.

«Vous savez qui est encore plus à gauche que Crazy Bernie (Sanders)? Kamala. Kamala. Kamala», a dit M. Trump, qui a pris soin de mal prononcer et d’étirer chaque syllabe de son nom chaque fois qu’il l’a prononcé en Caroline du Nord.

Cette prononciation déformée du prénom de Mme Harris, que plusieurs alliés de M. Trump ont copiée, semble volontairement raciste et ressemble à l’habitude du président de parler de «Barack Hussein Obama». Elle rappelle aussi l’affirmation erronée de M. Trump que M. Obama n’était pas éligible à la présidence.

M. Trump utilise de longue date de telles tactiques de salissage contre ses adversaires féminines, surtout les femmes de couleur, en remettant en question leur patriotisme ou en disant d’elles qu’elles sont «méchantes» ou «en colère».

«Clairement, M. Trump ne croit pas qu’il peut diaboliser Joe Biden très efficacement, a dit Christopher Devine, un politologue de l’Université de Dayton, dans l’Ohio. (Les républicains) le présentent donc comme un cheval de Troie qui permettra aux extrémistes de gauche de prendre le pouvoir, et ils tentent de faire coller cette description à Kamala Harris.»

Kathleen Ronayne et Jonathan Lemire, The Associated Press









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