Des accusations ressuscitent le fantôme de l’ingérence russe

Treasury Secretary Steven Mnuchin testifies before the House Select Subcommittee on the Coronavirus Crisis, during a hybrid hearing, Tuesday, Sept. 1, 2020, on Capitol Hill in Washington. (Graeme Jennings/Pool via AP) Photo:

WASHINGTON — L’administration Trump a inculpé jeudi un ressortissant russe relativement à un vaste complot visant à semer la méfiance envers le processus politique américain, et a imposé des sanctions à un législateur ukrainien lié à la Russie accusé d’interférence dans l’élection présidentielle américaine.

Ces actions, combinées à une annonce de Microsoft sur des tentatives de piratage ciblant à la fois les campagnes du président Donald Trump et du candidat démocrate Joe Biden, soulignent à quel point les mêmes cyberintrusions et opérations d’influence étrangère qui ont frappé la course à la Maison-Blanche de 2016 restent une préoccupation persistante aujourd’hui.

Elles reflètent également une dichotomie au sein de l’administration. Les responsables s’attaquent à l’ingérence de la Russie dans le processus politique, alors même que M. Trump exprime des doutes sur cette ingérence. Dans le cas des sanctions, des responsables ont dénoncé des enregistrements audio qui avaient été publiés par le législateur ukrainien et moussés par M. Trump sur Twitter.

Les accusations criminelles reprochent à Artem Mikhaylovich Lifshits d’avoir été responsable de la traduction dans un effort russe qui, depuis au moins 2014, tente de perturber le système politique américain et de semer la méfiance à l’égard des candidats. Les membres de l’initiative, connue sous le nom de Projet Lakhta, se sont rendus aux États-Unis pour collecter des renseignements et exploiter de faux comptes de médias sociaux qui pourraient transmettre des messages à des millions d’Américains sur des problèmes sociaux épineux.

Le groupe opérait par l’intermédiaire d’entités telles qu’Internet Research Agency, la ferme de trolls russe accusée par le procureur spécial Robert Mueller d’avoir suscité la discorde avant les élections de 2016. Ses articles portaient sur des sujets tels que les armes à feu, l’immigration, le drapeau confédéré et les relations raciales, selon une plainte qui accuse Lifshits d’utiliser les identités volées d’Américains pour ouvrir de faux comptes dans des banques et des bureaux de change numériques.

«Les membres du Projet Lakhta n’ont pas adopté exclusivement un point de vue idéologique; au contraire, ils ont écrit sur des sujets de perspectives variées et parfois opposées, a écrit un agent des services secrets dans un affidavit à l’appui de la plainte. Les membres du projet Lakhta ont également élaboré des stratégies et des conseils pour cibler des publics ayant des points de vue conservateurs et libéraux, ainsi que des groupes sociaux particuliers.»

Lifshits était l’une des quatre personnes citées par le département du Trésor, avec Andrii Derkach, un législateur ukrainien décrit par le gouvernement américain comme «un agent russe actif» pendant une décennie. Les responsables disent qu’il s’est ingéré dans l’élection de 2020 en publiant des enregistrements audio édités conçus pour dénigrer M. Biden.

C’est la deuxième fois en autant de mois que l’administration Trump mentionne le nom de Derkach. Des responsables du renseignement américain ont déclaré dans un communiqué le mois dernier que la divulgation par Derkach d’enregistrements qui capturent les conversations entre M. Biden et le président ukrainien de l’époque faisait partie d’un effort russe plus large visant à dénigrer M. Biden avant les élections du 3 novembre.

La décision de l’administration était particulièrement notable parce que la déclaration ajoutait que les enregistrements de Derkach faisaient avancer des affirmations anti-Biden qui reposaient sur «des récits faux et non fondés». M. Trump a pourtant fait la promotion de ces enregistrements en republiant sur Twitter des publications qui les incluent ou les référencent.

«Derkach a presque certainement ciblé la population électorale américaine, des personnalités américaines de premier plan et des membres du gouvernement américain, sur la base de sa dépendance à l’égard des plateformes américaines, des documents et vidéos en anglais, et des lobbyistes prorusses aux États-Unis utilisés pour propager ses revendications», a déclaré le département du Trésor en désignant Derkach et trois autres personnes liées à la Russie sous un décret destiné à cibler l’ingérence électorale.

Derkach est diplômé d’une académie d’espionnage russe qui, selon le département du Trésor, entretient des liens étroits avec les services de renseignement russes.

«Andrii Derkach et d’autres agents russes utilisent la manipulation et la tromperie pour tenter d’influencer les élections aux États-Unis et ailleurs dans le monde, a déclaré le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin dans un communiqué. Les États-Unis continueront d’utiliser tous les outils à leur disposition pour contrer ces campagnes de désinformation russes et préserver l’intégrité de notre système électoral.»

En mai, Derkach a publié des enregistrements audio de prétendues conversations entre M. Biden, à l’époque où il était vice-président, et l’ancien président ukrainien Petro Porochenko. Cela visait à promouvoir un récit sans fondement selon lequel M. Biden avait demandé le limogeage du principal procureur d’Ukraine parce que celui-ci enquêtait sur une société gazière en Ukraine où le fils de M. Biden, Hunter, occupait un siège au conseil.

Eric Tucker, The Associated Press

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