Vote catholique: les républicains attaquent Kamala Harris

FILE - In this Aug. 11, 2019, file photo, Maya Harris, center right, and members of the Corinthian Baptist Church pray for Democratic presidential candidate Sen. Kamala Harris, D-Calif., center left, during a service in Des Moines, Iowa. Soon after Joe Biden tapped Harris as his running mate, some conservatives began trying to portray her as anti-Catholic, a line of attack that President Donald Trump’s campaign continues to amplify as Democrats court Roman Catholic voters. (AP Photo/John Locher, File) Photo:
Elana Schor - The Associated Press

WASHINGTON — Peu de temps après que Joe Biden ait désigné Kamala Harris comme sa candidate à la vice-présidence, certains conservateurs ont commencé à essayer de la dépeindre comme anti-catholique – une ligne d’attaque que la campagne du président Donald Trump continue d’amplifier alors que les démocrates courtisent les électeurs catholiques romains.

L’accusation découle en partie des questions posées par Mme Harris en 2018 à un candidat à la magistrature fédérale au sujet de son appartenance aux Chevaliers de Colomb, une organisation fraternelle laïque catholique. Mme Harris a demandé au candidat s’il était d’accord avec les vues antiavortement du leader du groupe, vues qui correspondent largement à la position de l’Église.

Cela a enflammé les républicains à l’époque, un sénateur ayant rédigé une résolution pour affirmer l’interdiction constitutionnelle des tests religieux pour les fonctionnaires fédéraux et déclarer que l’appartenance au groupe catholique n’est pas «disqualifiante». Maintenant que Mme Harris est la candidate à la vice-présidence de M. Biden, les conservateurs ramènent cette affaire au grand jour pour miner l’attrait du ticket démocrate pour les électeurs religieux favorables à l’avortement.

Alors que la campagne de M. Biden a lancé son effort de sensibilisation des électeurs catholiques la semaine dernière, la campagne Trump a qualifié l’interrogatoire de Mme Harris de «sectarisme anti-catholique» et déclaré que la position des démocrates sur l’avortement «se heurte fortement aux croyances catholiques pro-vie». Elle a utilisé un langage similaire pour faire référence à Mme Harris lors d’une publicité en ligne diffusée le mois dernier.

Cette attaque de Mme Harris, qui fréquente une église baptiste noire progressiste – et par extension, l’attaque de M. Biden – est un signe que les républicains voient son virage vers la gauche concernant l’avortement comme une vulnérabilité avec certains électeurs dévots qui pourraient autrement être tièdes envers Trump, en particulier les catholiques et les évangéliques. Cela joue également sur le fait que l’approche de Mme Harris en matière de sensibilisation religieuse est moins bien développée que celle de M. Biden, dont la foi catholique de toute une vie est une pierre de touche de son identité politique.

«Nous espérons que M. Biden et Kamala Harris parleront beaucoup de ces questions», a déclaré Richard Mouw, le président émérite du Fuller Theological Seminary, qui a signé en juillet une lettre de dirigeants chrétiens exhortant les démocrates à adopter une position plus amicale envers les détracteurs de l’avortement. «Parce que même si certains d’entre nous ne sommes pas d’accord sur les politiques de M. Biden liées à ces positions, nous pensons qu’il nous comprend.»

M. Mouw a salué le choix de Mme Harris, ajoutant qu’il espérait voir des signaux de sa part selon lesquels elle est prête à «continuer à parler» et à «continuer à écouter» les évangéliques et les catholiques conservateurs désillusionnés par M. Trump.

Les attaques contre Mme Harris jouent également sur une question plus large soulevée par certains électeurs chrétiens, pas tous conservateurs, sur l’énergie avec laquelle M. Biden tenterait de mettre fin aux limites de longue date du financement fédéral de l’avortement. M. Biden s’est opposé à ces limites l’année dernière au cours des premiers mois de sa campagne, après des années à les soutenir.

Chris Crawford, un militant catholique antiavortement qui a voté pour Hillary Clinton en 2016, a récemment lancé sur Twitter que, bien que les attaques républicaines contre la foi de M. Biden aient peu de chances de faire effet, «l’attaque qu’il ne gouvernera pas conformément aux valeurs (de sa foi) a une chance de coller».

M. Crawford a exhorté M. Biden à «trouver un terrain d’entente sur l’avortement qui le sépare de la position extrême de son parti».

Stephen Schneck, un «catholique pro-vie» autoproclamé et membre du groupe Catholics for Biden qui a vu le jour la semaine dernière, a déclaré qu’il «espérait» que les démocrates agiraient sur des «initiatives communes dans des domaines liés à la santé prénatale, la santé des femmes et les soins aux jeunes enfants.»

Les questions de Mme Harris au candidat à la magistrature étaient en grande partie conformes à la pratique standard de vérification des candidatures, selon M. Schneck.

Natalia Imperatori-Lee, une professeure d’études religieuses au Manhattan College, a déclaré que la campagne Biden pouvait également présenter un argumentaire aux électeurs catholiques qui allait au-delà du débat sur la légalité de l’avortement. En 2017, le nombre d’avortements aux États-Unis est tombé à son plus bas niveau depuis la décision Roe v.Wade de 1973, une tendance attribuable en partie à une plus grande disponibilité de la contraception en vertu de la loi sur les soins abordables adoptée sous l’administration Obama.

«Plusieurs catholiques partagent l’objectif de vouloir voir les avortements futurs moins élevés, et moins d’entre eux pensent que la voie à suivre est l’abrogation de Roe», a déclaré Mme Imperatori-Lee.

Elle a ajouté que le débat politique sur les «catholiques de centre-droit» peut souvent omettre qu’ils sont largement blancs, tandis que les catholiques latinos et noirs penchent nettement vers la gauche. En effet, la présence de Mme Harris sur le ticket pourrait porter ses fruits avec les catholiques noirs, les catholiques moins conservateurs et d’autres électeurs catholiques plus alignés sur ses propositions politiques.

Un signe du potentiel de Mme Harris à faire appel à ces blocs électoraux catholiques est survenu le mois dernier lorsque le Catholic News Service a cité un membre du personnel noir de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis se décrivant comme «tellement exalté» par le choix de colistière de M. Biden.

Alors que ce membre du personnel a parlé à titre personnel plutôt que professionnel, l’apparence d’un sentiment pro-Harris créé par le commentaire a attiré une clarification publique de la conférence épiscopale, qui a affirmé sa neutralité en notant que les employés ne parlent pas en son nom concernant les candidats politiques.

Pendant ce temps, le journal du Vatican, L’Osservatore Romano, a offert une couverture favorable à Mme Harris depuis qu’elle a été choisie par M. Biden.

Les différences du pape François avec M. Trump sur une gamme de questions, allant de l’immigration aux changements climatiques, sont bien connues, bien que la position antiavortement du président soit conforme aux vues de l’Église catholique.

Mme Harris, pour sa part, adopte l’approche de M. Biden en matière de sensibilisation religieuse, rencontrant 100 dirigeants de plusieurs confessions chrétiennes le premier samedi après avoir rejoint le ticket, selon Josh Dickson, directeur religieux de la campagne.

Mme Harris a déclaré aux dirigeants qu’«elle allait se battre pour des valeurs importantes pour eux», a déclaré M. Dickson.

Elana Schor, The Associated Press



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