Les complotistes de QAnon tentent de se faire élire aux élections américaines

Jonathan J. Cooper et Steve Karnowski - The Associated Press

PHÉNIX — Des candidats adeptes de la théorie conspirationniste QAnon tentent de se faire élire dans les assemblées des États cette année, insufflant plus d’oxygène à ce mouvement autrefois obscur qui a pris de l’ampleur depuis que ses adhérents ont remporté des primaires républicaines du Congrès cette année.

Certains des candidats à la législature ont partagé à plusieurs reprises des mèmes de QAnon et ont interagi abondamment avec des comptes de médias sociaux faisant la promotion de la conspiration. Celle-ci est centrée sur la croyance sans fondement selon laquelle Donald Trump aurait été désigné pour sauver la planète et faire emprisonner les membres d’un réseau de pédophiles sataniques et cannibales dont feraient partie Barack Obama, Bill Gates, Hillary Clinton et plusieurs célébrités de Hollywood qui ne partagent pas les politiques du président.

D’autres ont agi d’une manière qui ne permet pas de savoir s’ils croient vraiment en la théorie ou s’ils flirtent avec les idées pour attirer l’attention.

Ils ne représentent qu’une infime partie des milliers de candidats aux élections législatives des États en novembre et un bon nombre d’entre eux sont loin dans la course. Mais ils sont plusieurs à se présenter dans des districts compétitifs, notamment en Arizona, au Minnesota et au Wisconsin.

Parmi ceux qui ont partagé des publications de QAnon, il y a Dave Armstrong, un candidat républicain pour l’Assemblée du Wisconsin.

Bien qu’il ne se considère pas comme un adhérent à la théorie conspirationniste, il a aimé et partagé des vidéos de ses adeptes. En entrevue avec l’Associated Press (AP), M. Armstrong a indiqué qu’il croyait aux idées fondamentales du mouvement, mais pas à toutes.

«Je ne sais pas si nous connaîtrons un jour la réponse à cela, ni si nous pourrons les prouver, a-t-il soutenu. Le plus gros problème avec QAnon est que vous ne pouvez rien prouver.»

John Ellenson, l’adversaire démocrate de M. Armstrong, estime qu’il serait «dangereux» d’élire le candidat républicain, parce qu’il «joue dans des complots et non dans la vérité».

Une candidature controversée

La théorie du complot s’est imposée dans l’actualité politique récente avec la candidature de Marjorie Taylor Greene. La candidate a remporté la primaire républicaine pour un siège à la Chambre des représentants dans un district fortement républicain. Mme Greene avait d’ailleurs été invitée à la Maison-Blanche pour le discours de Donald Trump lors de la convention républicaine.

Le président Trump a dit qu’il en savait peu sur le mouvement, mais il a parlé en bien de certains de ses partisans. Le vice-président Mike Pence l’a rejeté.

Bien que les courses nationales au Congrès génèrent souvent plus de publicité, les postes aux assemblées des États constituent souvent un tremplin vers des fonctions supérieures, et leurs titulaires exercent un pouvoir important pouvant affecter la vie quotidienne des gens. Ce sont eux qui prennent des décisions sur les politiques en matière d’éducation, de services policiers, de soins de santé et de justice pénale, entre autres.

Une vingtaine de candidats

Comme pour de nombreuses théories du complot, il est difficile de savoir à quel point les candidats y croient. Environ une vingtaine de candidats dans plus d’une douzaine d’États ont exprimé un certain niveau de soutien ou d’intérêt envers QAnon, selon une compilation de journalistes de l’Associated Press, du groupe de recherche à but non lucratif Media Matters for America et de groupes démocrates impliqués dans les courses législatives des États. Il ne s’agit que d’une estimation approximative.

Certains qui avaient partagé des messages faisant référence au complot ont cherché à s’en distancier lorsqu’ils ont été contactés par l’AP. Beaucoup n’ont tout simplement pas répondu aux demandes d’entrevue — ce qui n’est peut-être pas surprenant étant donné que les médias du grand public feraient partie du complot.

Parmi ceux-ci, on retrouve Suzanne Sharer, une candidate républicaine dans la région de Phoenix, en Arizona, qui a publié des vidéos et des messages QAnon plus d’une douzaine de fois ces derniers mois. Elle se présente dans un district de banlieue qui était autrefois un bastion des républicains, mais qui s’oriente davantage vers les démocrates de nos jours.

Julie Buria, une républicaine qui se présente dans le nord du Minnesota — région que M. Trump avait remportée avec une majorité de près de 3 points de pourcentage en 2016  — a partagé au moins quatre messages en avril et mai qui semblaient appuyer QAnon.

La plupart des candidats identifiés par l’AP comme ayant des antécédents de publication sur QAnon sont des républicains, bien que certains soient des candidats indépendants ou de tiers partis.

Jonathan J. Cooper et Steve Karnowski, The Associated Press

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