Caroline du Nord: un candidat au Sénat garde ses distances de Trump
RALEIGH, N.C. — Lorsque le président Donald Trump a attiré une foule dans un aéroport de la Caroline du Nord, la semaine dernière, il a encouragé le sénateur républicain de l’État qui fait face à une dure bataille pour se faire réélire — une course qui pourrait déterminer de quel côté penchera la chambre.
Le sénateur Thom Tillis «a été à mes côtés», a lancé le président Trump.
Mais à ce moment-là, M. Tillis n’était pas à ses côtés. Assis parmi les milliers de spectateurs réunis en plein air à Winston-Salem, le sénateur faisait partie de la petite minorité qui portait un masque pour se protéger contre le coronavirus, une pratique que le président et ses partisans sont réticents à adopter.
«Si les scientifiques me disent de porter un masque, je vais porter un masque», a récemment déclaré M. Tillis lors d’un petit événement de campagne à Raleigh.
La proximité de M.Tillis avec le controversé président républicain pourrait déterminer s’il sera réélu ou non pour un deuxième mandat. Le candidat démocrate Cal Cunningham, qui est bien financé, apparaît premier dans de récents sondages.
Le sénateur de cet État clé a passé les quatre dernières années à essayer de calibrer sa distance par rapport à un président qui est aimé par les conservateurs purs et durs mais qui met mal à l’aise de nombreux modérés, qui détermineront probablement l’élection.
M. Trump tient un rassemblement à Fayetteville, samedi — son quatrième événement en quelques semaines dans cet État important. M. Tillis prévoit y être.
Une approche risquée
«M. Tillis a été très stratégique dans la façon de mener la campagne qu’il doit livrer pour gagner ces électeurs essentiels dans les banlieues», a expliqué le consultant démocrate Brad Crone.
«Quand c’est un désavantage de s’aligner sur M. Trump, il prend ses distances.»
L’approche de M. Tillis a toutefois provoqué des écueils par moments.
L’an dernier, il s’était mis à dos la base républicaine en s’opposant à la déclaration d’urgence du président Trump pour financer le mur entre les États-Unis et le Mexique. Il avait changé d’idée plus tard, ne satisfaisant apparemment personne d’autre que le président, et ce dernier lui a donné son appui pour sa réélection quelques mois plus tard.
M. Tillis était l’un des plus fervents défenseurs du président pendant les procédures de destitution contre lui.
Et bien que le sénateur ait fait la promotion du port du masque — contrairement à M.Trump et ses partisans — il s’était présenté sans masque le mois dernier dans une foule dense pour la convention républicaine. Il s’était excusé un jour plus tard.
Opportunisme ou adaptation?
Cal Cunningham, un ancien combattant de la guerre en Irak qui a dépassé le candidat républicain dans la course au financement lors des deux derniers trimestres, croit que son adversaire est un opportuniste.
«Il est ici, dans l’État à parler de quelque chose, et il va à Washington et fait quelque chose de différent», a souligné le politicien de 47 ans en entrevue avec l’Associated Press.
La campagne de M. Tillis a insisté pour dire que l’appui du sénateur envers M. Trump ne variait pas; il adapte son message.
Les électeurs les plus susceptibles de soutenir le président obtiennent des documents de campagne soulignant le soutien de M. Tillis aux politiques du président. Et avec les électeurs sans affiliation, qui représentent près du tiers de l’électorat, le sénateur parle des politiques libérales qui pourraient être mises en œuvre si M. Cunningham et d’autres démocrates gagnaient.
«Je pense que cette course doit concerner les deux candidats qui se présentent devant le peuple de Caroline du Nord», a-t-il fait valoir devant les journalistes après avoir participé à son premier débat, lundi.
«Ce sur quoi j’ai travaillé, j’ai soutenu le président. J’ai également fait exception dans certains cas, notamment en ce qui concerne le budget. Mais cette course consiste vraiment à déterminer qui est le mieux placé pour être le sénateur de la Caroline du Nord.»
Lors de son passage à la Chambre des représentants de l’État, Thom Tillis mettait de l’avant les questions liées au monde des affaires. Il a réduit les impôts et a mené les efforts pour mettre en place un amendement constitutionnel interdisant le mariage homosexuel. Il a aussi aidé à faire adopter une loi interdisant à l’État d’élargir l’assurance-maladie par le biais de la loi sur les soins de santé de Barack Obama.
Un électorat changeant
Depuis que M. Tillis a battu l’ex-sénatrice démocrate Kay Hagan en 2014, la population de l’État est devenue plus latino-américaine, plus diplômée et plus jeune. Les nouveaux arrivants sont devenus de plus en plus présents dans les centres urbains démocrates et ont aidé le parti à gagner des sièges en 2018.
Mais si les démocrates restent le plus grand bloc d’électeurs de Caroline du Nord, ils représentent un plus petit pourcentage de l’électorat à mesure que les inscriptions indépendantes et républicaines augmentent.
En 2016, la plupart des centres urbains de la Caroline du Nord sont allés à la démocrate Hillary Clinton, tandis que Donald Trump avait balayé les comtés ruraux, ce qui lui avait permis de remporter l’État avec plus de trois points de pourcentage. Des sondages récents montrent une course serrée entre M. Trump et le candidat démocrate Joe Biden.
Gary D. Robertson, The Associated Press