8 mars, journée prétexte

Commémoration à la mémoire d'Anene Booysen. Photo: Kate Stegeman pour Mail&Guardian

Vendredi 8 mars, Journée internationale des femmes. Beaucoup d’entre nous trouveront cette journée ordinaire, rien ne changera dans notre vie. Instaurer une seule journée pour célébrer le « sexe faible » est par principe discutable. Mais prenons là comme prétexte pour éclairer sur une réalité, celle de nombreuses femmes, victimes de viols en Afrique du Sud.

On recense dans la Nation Arc-en-ciel officiellement près de 65 000 cas de viols. Ce qui exclut évidemment toutes celles qui ne dénoncent pas leurs agresseurs car les associations d’aide aux victimes estiment que moins d’un cas sur dix serait déclaré. Ajoutez à cela qu’un homme sud-africain sur quatre admet avoir déjà violé une femme.

Une affaire de viol et de meurtre, l’affaire de trop, avait ému tout le pays en février dernier. Anene Booysen , une adolescente de 17 ans, violée et laissée pour morte sur un chantier de construction par ses agresseurs après avoir été éventrée, a été l’électrochoc. De nombreuses victimes de viol connues ou non avaient alors témoigné dans les médias et une campagne de sensibilisation avait été lancée dans les écoles.

Face à la pression médiatique, le Ministre de la Justice Jeff Radebe a annoncé le 6 mars dernier la création de 58 tribunaux spéciaux chargés des affaires de viols et de violences sexuelles qui seront « pleinement opérationnels » d’ici septembre prochain.

Les tribunaux dédiés aux délits sexuels existaient déjà en 1993 puis en 2000, mais ils ont été fermés les uns après les autres. On espère que les nouveaux seront efficaces, et selon le Ministre, aussi ils « entendront toutes les affaires d’agressions sexuelles, y compris les attaques contre les lesbiennes et les gays ». De nombreuses lesbiennes sont en effet victimes de « viols correctifs », destinés à les convertir à l’hétérosexualité. Aucun chiffre officiel ne comptabilise encore ce genre de viols.

Donc prenons comme prétexte le 8 mars pour avoir au moins une pensée pour toutes ces femmes victimes de viols. La seule bonne nouvelle selon l’association Sonke Gender Justice Network est que «les Sud-Africains semblent enfin se réveiller». Reste à savoir si la volonté politique affirmée par le gouvernement suite à la disparition violente d’Anene Booysen se concrétisera.

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.